Pour son deuxième film, Marc Dugain se lance dans un reconstitution historique soignée qui nous plonge dans les eaux troubles des manœuvres politiques entre la France et l’Espagne, deux super-puissances au XVIIIe siècle.
1721. Une idée audacieuse germe dans la tête de Philippe d’Orléans, Régent de France. Louis XV, 11 ans, va bientôt devenir roi et un échange de princesses permettrait de consolider la paix avec l’Espagne, après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues.
Il marie donc sa fille, Mlle de Montpensier, adolescente revêche, à l’héritier du trône d’Espagne, et Louis XV doit épouser l’Infante, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans. Mais l’entrée précipitée dans la cour des Grands de ces jeunes princesses, sacrifiées sur l’autel des jeux de pouvoirs, ne sera pas forcément évidente. Les circonvolutions politiques ne s’adaptent pas toujours à la réalité des corps et des cœurs.
La saveur du film repose également sur la prestation éblouissante de ses acteurs. On ne reviendra pas sur le talent et le professionnalisme d’Olivier Gourmet (le Régent, Philippe d’Orléans), Lambert Wilson (Philippe V), Catherine Mouchet (Madame de Ventadour). Mais on est sidéré par le jeu des jeunes acteurs. D’abord il y a les deux princesses. La plus jeune, âgée de 4 ans reste accrochée à ses poupées. Mais elle n’est pas forcément dupe du manège de la cour, d’une destinée qui est en train de se jouer au-dessus de sa tête. Il y a un écart entre son personnage de « l’Infante » qui risque de ne jamais arriver à maturité pour satisfaire des stratégies diplomatiques et son regard amoureux sur un très jeune roi avec qui elle voudrait partager sa vie. Quant à la plus âgée, Mlle de Montpensier, elle est fondamentalement rebelle. Elle n’a que faire de la bigotterie de la cour espagnole et d’un mari bonne pâte mais mal dégrossi.
Ainsi, toute la force d’émotion du film provient du choc permanent entre les vibrations de l’enfance qui animent les jeunes protagonistes et le quadrillage de leur existence par des rituels, des convenances, des arrangements arbitraires, des intérêts politiques qui les dépassent.