George Clooney adapte un scénario jamais tourné des frères Coen et crée une farce rocambolesque et engagée située dans l’Amérique des fifties, mais qui résonne bien au-delà.
Fin des années cinquante aux États-Unis. Suburbicon est une jolie citée résidentielle nouvellement construite où s’installent des familles de la middle class prêtes à vivre leur rêve américain. Pourtant, derrière la surface lisse des maisons quatre façades se trament des affaires un peu louches…
La famille de Gardner (Matt Damon) par exemple, vit quelques secousses internes. Alors que la sœur jumelle de sa femme leur rend visite (toutes deux interprétées par Julianne Moore), ils se font attaquer de nuit par deux malfrats qui ne semblent avoir d’autres buts que d’endormir toute la famille avec du chloroforme. Pas de chance, la mère en respire une dose mortelle, et c’est donc sa sœur, Margaret, qui prend sa place au foyer pour prendre soin du petit Nicky. Mais le petit Nicky, du haut de ses 8 ans, n’est pas dupe, et alors qu’il observe l’agitation des adultes autour de lui, il commence à flairer l’odeur âcre des choses qu’on ne lui dit pas…
Pendant ce temps-là, une famille afro-américaine emménage de l’autre côté de la rue, et toute la population blanche du quartier s’affole, brandissant avec force le drapeau des confédérés et réclamant violemment le départ des nouveaux voisins.
Bien entendu, Clooney, acteur fétiche des frères Coen depuis O’Brother, n’a pas son pareil pour retrouver la patte et l’humour des deux réalisateurs. Nous ne sommes donc pas étonnés d’assister à la déconfiture de Gardner face à l’intrusion de la petite criminalité dans son paisible foyer. Et comme souvent chez les Coen, les petites frappes sont sympathiques et leurs plans machiavéliques et soi-disant bien huilés sont toujours mis en pièces par leur terrible maladresse.
Mais George Clooney est aussi un homme engagé, et à quoi bon faire un film divertissant si on n’y développe pas une once de réflexion ?
C’est donc sans surprise qu’il fait de l’histoire de ce couple d’Afro-Américains persécutés par toute une population blanche enragée – alors que les véritables horreurs se déroulent derrière leurs dos par des gens soi-disant respectables –, l’emblème d’un combat qui ne semble malheureusement pas avoir beaucoup évolué.