Une pépite italienne des années soixante. À travers quatre prostituées qui veulent s’émanciper, une vision de la condition féminine à la fois sombre dans le propos et solaire dans le style
Adua et ses trois copines sont putes et, à la fermeture de l’établissement où elles sont employées, elles décident de se mettre à leur propre compte à la campagne, en ouvrant une trattoria en guise de couverture « honorable » : ce seront donc bons petits plats au rez-de-chaussée, passes discrètes à l’étage.
Pietrangeli reste fidèle à l’essentiel de son œuvre : brosser un tableau de la condition féminine dans l’Italie de l’après-guerre en se plaçant résolument du côté des femmes. Ici, chacune vit un dilemme dramatique particulier dont le point commun est la pression exercée par l’hypocrisie d’une société catholique, patriarcale et capitaliste. Dans cette Italie-là, on méprise officiellement les putes tout en ayant volontiers recours clandestinement à leurs services.
On déguste ce film comme une savoureuse madeleine dont le goût se situe quelque part entre le drame néo-réaliste et la comédie italienne et dont le féminisme sensible revêt aujourd’hui un caractère quasi-prophétique.