Albento Nardi, homme d’affaires médiocre et dépensier, est marié à la riche et dominatrice Elvira. Il apprend sa mort dans un accident de train. Mais comment cacher sa joie en ce temps de deuil ?
La fin des années 1950 a vu se développer un genre cinématographique spécifiquement transalpin dont Dino Risi est sans aucun doute le représentant le plus génial et cinglant. Le veuf appartient à une première salve de comédies signées Risi qui culminera provisoirement en 1962 avec Le fanfaron et brille notamment pour sa mise en scène d’une impeccable efficacité et l’inventivité bouffonne mais toujours sagace des situations à travers lesquelles le réalisateur mène ses personnages tambour battant.
Alberto Sordi, l’un des acteurs fétiches du cinéaste et du genre, redoutable de précision dans un jeu tantôt virevoltant, tantôt quasi bovin, est une figure du nouveau mâle, chef d’entreprise déconfit malmené par le dédain et la fortune personnelle de sa femme, mais à qui rien ne saurait faire perdre sa superbe de parvenu sûr de son statut. Entouré de son chauffeur, ses créanciers, son bras droit fidèle, ses ouvriers, sa jeune maîtresse, Sordi donne un visage et un corps à ce personnage de son temps, individualiste et veule, obsédé par la réussite et le conformisme.
Avec un soupçon de lutte des classes et de guerre des sexes, Le veuf est un tableau de mœurs incisif qui s’offre le luxe de virer sur la toute dernière ligne droite au film criminel haletant et hilarant.