Une de nos réjouissantes surprises printanières : un récit initiatique, une belle histoire d’amour ainsi qu’une chronique paysanne à la fois âpre et toute en lumière
D’abord, il y a la terre. Son souffle. Ses odeurs de pluie, de végétaux, de bétail. La force d’une beauté qui ne s’inscrira jamais dans une carte postale. Les pâturages semblent se multiplier dans l’infini des collines.
Johnny travaille du matin au soir dans la ferme familiale accrochée dans cet environnement aride et froid du fin fond du Yorkshire. Sa grand-mère et son père, malade et handicapé, comptent sur lui. Johnny n’a pas le choix : il doit prendre la relève, empêcher les murs de s’écrouler, les agneaux de mourir… Il est condamné à se saisir d’une tâche qui semble toujours inachevée. Difficile de soigner les bêtes, réparer les clôtures et se rendre dans les marchés en même temps. Le père n’a de cesse de le houspiller. Seules échappatoires quand il se rend au village : des bitures homériques au pub et des étreintes brutales et honteuses. Un jour, son père engage Gheorghe, un saisonnier roumain, pour l’aider. Johnny sent poindre en lui une émotion nouvelle à laquelle il va, d’abord, résister…
Seule la terre se décline à la fois comme une éducation sentimentale sans chi-chi et une lumineuse chronique paysanne. Le réalisateur se donne le temps d’investir toute la force d’émotion qui se dégage des plaines caillouteuses balayées par les vents, des espaces de vie où les corps souffrent et les gestes de l’amour ont quelques difficultés à s’exprimer.