Cette sacrée vérité est aujourd’hui considérée comme la quintessence d’un genre proprement américain, la comédie de remariage, dont l’âge d’or est établi entre les années 1930 et 1940, et dont un des maîtres est Leo McCarey.
Le film de McCarey doit être reconnu comme premier et parfait initiateur de codes et de règles qui deviendront ensuite des classiques, réutilisés jusqu’à épuisement par ses héritiers. La pièce dont est tiré le scénario fut adaptée à de nombreuses reprises mais seule la version signée Leo McCarey est digne d’intérêt.
L’intrigue brode autour de thèmes ordinaires : un couple, Jerry et Lucy Warriner, divorcé sur un coup de tête, tente de se reconquérir en s’empêchant réciproquement de trouver un autre partenaire.
Les dialogues savoureux et le comique de situation propres à la comédie de boulevard sont bien entendu l’une des clés de la réussite du film. Mais à y regarder de plus près, les scènes les plus drôles découlent de gags en grande partie improvisés et… muets. Car Leo McCarey, qui fut l’un des maîtres de la comédie burlesque des années 1920, s’attache avant tout aux expressions du visage, aux regards.
Cette sacrée vérité fonctionne, comme la plupart des screwball comedies réussies de l’époque, sur la subordination de l’action au rythme. Ce n’est évidemment pas un hasard si le film commence et se clôt sur le gros plan d’une horloge. Tout est fonction d’un temps limité : le divorce ne pouvant être effectif qu’au bout de nonante jours, Lucy et Jerry doivent se dépêcher avant d’être définitivement séparés. Septante ans après sa sortie, Cette sacrée vérité n’a décidément pas pris une ride.