Sam Garbarski n’a peur de rien. Cette fois, il nous embarque en Allemagne pour évoquer sur le ton de la comédie le sort des Juifs juste après la libération des camps.
Sous la houlette de David Behrmann, plusieurs survivants des camps, chacun avec leur histoire et leur traumatisme, s’associent pour lancer un commerce de linge de maison. Le créneau semble être porteur, d’autant plus que les Allemands ont encore suffisamment de culpabilité pour ne pas fermer leur porte à des représentants de commerce juifs. L’objectif est de récolter la somme nécessaire pour quitter l’Allemagne et s’installer aux États-Unis.
Cette bande sympathique et délurée n’a pas son pareil pour dénicher le client, l’embobiner et mettre au point une série de stratégies cyniquement cocasses et assez visionnaires en matière de marketing.
Parallèlement à ces foucades commerciales, David est interrogé par une énigmatique chasseuse de nazis américaine, le Major Marlene Frederick, bien déterminée à faire la lumière sur tous ceux qui ont collaboré avec le régime.
Pourquoi David a-t-il bénéficié d’un statut de privilégié dans son camp de concentration ? Que faisait-il dans la résidence privée de Hitler au Salzberg ?
De quelle manière a-t-il collaboré avec les nazis ?
David ne se laisse pas démonter et l’embarque dans un récit abracadabrant. Il se serait distingué pour son talent à raconter des blagues désopilantes. Les SS l’auraient recruté pour égayer leurs soirées d’hiver mais aussi pour apprendre à Hitler l’art de divertir en société. Un exercice où Mussollini était imbattable.
Le réalisateur Sam Garbarski (Quartier lointain, Irina Palm, Vijay and I…), a un incroyable point commun avec son personnage central, David. Un art de fabuler, de raconter des histoires. Dans la planète du cinéma belge, il est unique. Sans complexe, il met en scène des récits improbables. Et le public de se laisser promener, captivé par la prestation des acteurs, par un art de croquer ses personnages, d’aller à l’essentiel, et par cet humour contagieux qui reste toujours bienveillant.
© Dany Habran, Les Grignoux