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Une analyse proposée par les Grignoux
et consacrée à
Quo Vadis, Aida?
un film de Jasmila Zbanic
Bosnie-Herzégovine, Autriche, Roumanie, France, Pays-Bas, Allemagne, Pologne, Norvège, Turquie, 2020, 1 h 41


L'analyse proposée ici s'adresse à des animateurs qui verront le film Quo vadis, Aida? avec un large public et qui souhaitent approfondir avec les spectateurs les principaux thèmes du film. Dans le cadre de l'éducation permanente, un débat en salle consécutif à la vision de Quo Vadis, Aida ? devrait permettre d'ouvrir une réflexion nuancée sur la légitimité du format fictionnel dans l'évocation de faits authentiques, de s'attacher aux véritables intentions de l'auteur du film en vue de dégager ce que cette forme peut éventuellement apporter de plus qu'un documentaire classique?< au format pdf.

Quo Vadis, Aida? - Le film en quelques mots


 

Quo vadis ? Bien connue pour avoir titré de nombreuses œuvres littéraires, cinématographiques ou musicales, cette question formulée en latin - Où vas-tu ? - s'adresse ici au personnage principal du film : Aida, une enseignante réquisitionnée pour servir d'interprète aux Casques bleus néerlandais basés à proximité de son village, Srebrenica. Nous sommes en Bosnie, en juillet 1995. Censées maintenir la paix dans la région et protéger la population musulmane des violences perpétrées à leur égard par les Serbes, les forces de l'ONU peinent alors à obtenir les moyens nécessaires à l'exercice de leur mission — en l'occurrence ici, un support déterminant de l'aviation, qui leur avait été promis en cas d'invasion du village mais qui leur est finalement refusé. Instinctivement, Aida pressent le pire et, à défaut de pouvoir aider l'ensemble de ses concitoyens, tente par tous les moyens de protéger son mari (Nihad) et ses deux fils (Hamidja et Ejo) de la tragédie qui se prépare.

En choisissant l'angle du drame familial plutôt qu'une reconstitution historique de type documentaire, Jasmila Banic nous permet de ressentir au plus profond de nous-mêmes les tensions et l'angoisse d'une situation que nous, spectateurs du film, savons sans issue. Le massacre de Srebrenica, aujourd'hui considéré comme le pire crime commis en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, a été reconnu comme génocide par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie et la Cour internationale de justice. Au mois de juillet 1995, plus de huit mille hommes et adolescents ont été massacrés sous le commandement du général serbe Ratko Mladic, condamné à la prison à perpétuité en 2017. Le TPI reconnaîtra par ailleurs l'Etat néerlandais responsable de la mort d'une partie des victimes pour avoir accepté d'évacuer, sous la pression serbe, les hommes qui s'étaient réfugiés sur la base de l'ONU. Quo Vadis, Aida ? est ainsi l'occasion de revenir sur une page historique récente — un quart de siècle à peine nous sépare des événements évoqués dans le film — en replaçant ceux-ci dans un contexte plus large : les guerres qui éclatent en Yougoslavie après la chute du mur de Berlin et plus spécialement la guerre de Bosnie, mais aussi de réfléchir à ce que l'on attend d'un tel film, parfois critiqué pour ses prises de position.

Dans le cadre de l'éducation permanente, un débat en salle consécutif à la vision de Quo Vadis, Aida ? devrait permettre d'ouvrir une réflexion nuancée sur la légitimité du format fictionnel dans l'évocation de faits authentiques, de s'attacher aux véritables intentions de l'auteur du film en vue de dégager ce que cette forme peut éventuellement apporter de plus qu'un documentaire classique?

 

 

Le contexte du film en quelques mots

La Yougoslavie

La Yougoslavie ou « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes » est un pays européen créé à l'issue de la Première Guerre mondiale suite à la désintégration des empires ottoman et austro-hongrois. Son territoire, qui comprend alors la Serbie, le Monténégro, la Voïvodine, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Slovénie, regroupe une population multiethnique ; rapidement, des tensions apparaissent entre Serbes et Croates, tensions qui iront crescendo jusqu'au démantèlement du pays par l'Allemagne nazie au début de la Seconde Guerre mondiale. Le morcellement du pays libère en quelque sorte le champ des revendications nationalistes, avec la commission de nombreux crimes tant du côté des Croates, soutenus par les puissances de l'Axe, que du côté serbe.

Après la Seconde Guerre mondiale, le maréchal Tito, fondateur du parti communiste yougoslave, s'impose à la tête du pays, qu'il réunifie en créant, sur base de la reconnaissance de la diversité et de l'égalité des différentes nationalités, la République fédérative socialiste de Yougoslavie, un Etat composé de six entités qui prennent également chacune le nom de république : la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro, la Slovénie et la Serbie, qui inclut dorénavant deux provinces autonomes : la Voïvodine et le Kosovo. L'équilibre politique reste toutefois fragile et à partir du début des années 1970, Tito utilise tous les moyens pour renforcer le pouvoir de l'Etat fédéral menacé par les forces nationalistes, actives d'abord en Croatie, puis en Serbie et en Slovénie.

 

Carte ex-Yougoslavie

Carte ex-yougoslavie

Source : http://idata.over-blog.com/1/18/64/00/reserve/carte-avt-guerre.gif

 

 

Carte

Carte ex-yougoslavie avec la répartition des différentes populations

Source :  https://www.reseau-canope.fr/cndpfileadmin/fileadmin/user_upload/POUR_MEMOIRE/chute_mur_berlin/nations_yougoslavie.jpg

 

Son décès en 1980 ouvre ensuite une période de grande instabilité caractérisée par un regain de tensions entre les différentes Républiques composant la Yougoslavie. L'effondrement du bloc de l'Est une décennie plus tard achève de briser l'unité du pays et en 1991, la Croatie et la Slovénie déclarent leur indépendance, suivies de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Quant aux Serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine, ils revendiquent haut et fort la création d'une « grande Serbie », un projet soutenu par Slobodan Milosevic, chef de la Ligue communiste de Serbie et futur Président de la Serbie puis de la République fédérale de Yougoslavie. Une guerre éclate alors entre Croates et Serbes, qui entament une véritable politique d'épuration ethnique marquée par plusieurs massacres de Croates et de Musulmans. Plusieurs conflits armés se succèdent ainsi entre 1991 et 2001, dont la plupart se solderont par accords de paix et la reconnaissance internationale des nouveaux Etats mais aussi un bilan humain très lourd.

La guerre de Bosnie

La guerre de Bosnie, qui constitue le cadre historique du film de Jasmila Zbanic, débute le 6 avril 1992 avec la proclamation d'indépendance de la Bosnie-Herzégovine, qui regroupe une mosaïque de populations d'origines différentes : les Bosniens Musulmans, les Bosniens serbes, soutenus par la Serbie, et les Bosniens croates, soutenus par la Croatie. Deux mois plus tard, la situation explosive dans la région amène le Conseil de sécurité des Nations Unies à dépêcher sur place des Casques bleus chargés du maintien de la paix. Les forces de l'ONU n'empêcheront toutefois pas une guerre sanglante. En 1992, les Serbes de Bosnie entament un siège particulièrement long et violent de Sarajevo et commencent à pilonner la ville dès le lendemain de la déclaration d'indépendance de l'État. La situation est d'autant plus dramatique que la capitale est alors soumise à un blocus complet qui empêche les convois de nourriture et de médicaments de parvenir aux habitants. Emmenée par Ratko Mladic, les troupes serbes de Bosnie s'emparent progressivement des autres villes importantes tout en pratiquant une politique d'extermination de la population bosniaque. Le massacre de Srebrenica perpétré au mois de juillet 1995 représente l'épisode le plus marquant de ce nettoyage ethnique. Incapables de maîtriser la situation, les forces de l'ONU ne pourront empêcher le massacre de plus de huit mille hommes et adolescents, un événement dramatique qui décidera finalement les forces de l'OTAN à intervenir militairement contre les milices serbes. La guerre ne prend fin que trois ans et demi plus tard, le 14 décembre 1995, avec un bilan humain très lourd faisant état d'une centaine de milliers de morts et de 250 000 blessés. Les accords de Dayton, signés par la Serbie, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine mettent notamment en place un nouvel Etat, qui prend la forme d'une confédération de deux entités : la Fédération de Bosnie Herzégovine (croato-bosniaque) et la République serbe de Bosnie.

 

Carte ex-Yougoslavie

Une carte avec les exactions de Mladic en Bosnie

Source : https://images.ladepeche.fr/api/v1/images/view/5c5ae5628fe56f46257d5103/full/image.jpg

 

Le point de départ du film

Ce sont précisément les circonstances qui entourent ce massacre des Bosniaques que la réalisatrice a choisi d'évoquer, en revenant plus particulièrement les journées du 10 au 13 juillet. Tandis que les forces serbes de Bosnie qui encerclent Srebrenica pénètrent dans la ville sous les ordres de Ratko Mladic, la plupart des civils se réfugient à Potocari, où se situe la base principale de l'ONU. Les Casques bleus chargés de protéger l'enclave musulmane se contentent alors d'accueillir 5 000 réfugiés, laissant les 27 000 autres à l'extérieur du camp, à la merci des Serbes. Se voyant refuser l'aide aérienne réclamée aux autorités onusiennes, les troupes néerlandaises cèdent alors à la pression serbe et acceptent l'évacuation des réfugiés. Ils laissent notamment séparer et mettre à l'écart les hommes et les adolescents alors qu'ils connaissent pertinemment bien le risque qu'ils courent d'être exécutés. Parmi les réfugiés du camp néerlandais se trouvaient entre autres le traducteur du bataillon avec toute sa famille (père, mère et petit frère) ainsi que l'électricien chargé de la maintenance des installations. Le 13 juillet, l'électricien et le petit frère du traducteur ont été chassés du camp par les militaires néerlandais. Le père du traducteur les a suivis et les trois hommes ont été massacrés. À la fin de la guerre, leurs proches ont déposé une plainte contre le gouvernement des Pays-Bas, qui sera finalement jugé coupable de la mort de ces trois Musulmans par la Cour d'appel de La Haye en juillet 2011, soit 16 ans après les faits. L'État néerlandais sera par ailleurs tenu partiellement responsable du décès de 350 Musulmans lors du massacre de Srebrenica.

Le dispositif du film

Le choix de la fiction

D'un point de vue documentaire, c'est donc l'histoire vraie de ce traducteur qui constitue la base du scénario du film. Si les événements de ces journées funestes sont par ailleurs reconstitués avec beaucoup de justesse, le choix de la fiction permet ici à la réalisatrice de les aborder sous l'angle du drame familial, en substituant aux protagonistes réellement impliqués dans ces faits les figures d'une mère, de son époux et de leurs deux fils, autrement dit d'une famille nucléaire dans laquelle tout un chacun peut se retrouver. Investie du rôle d'interprète, c'est Aida, la mère de famille, qui devient le personnage principal de l'histoire, avec la double mission, pourrait-on dire, d'incarner à la fois la place des femmes dans ce conflit et d'éclairer la position difficile des traducteurs bosniaques sous contrat onusien, à la fois partie prenante dans le conflit, contraints à la neutralité dans leur fonction d'interprète et en possession d'informations de première main en raison de la nature même de leur fonction et d'une étroite proximité avec les responsables. Un tel dispositif semble ainsi correspondre à une intention didactique - les événements sont abordés à travers le regard d'un personnage à la fois impliqué dans le conflit et au cœur des pourparlers entre les différentes parties (Bosniaques, Serbes et forces de l'ONU) - mais aussi à une intention pathétique - par le processus d'identification du spectateur au personnage, la réalisatrice nous amène à adopter la perspective d'Aida, à partager ses émotions et à développer par conséquent à son égard une grande empathie - et une intention politique, dans la mesure où cette mère de famille permet l'expression d'un point du vue féminin trop rarement montré sur ces événements tragiques en mettant en lumière le destin des survivantes.

La tension dramatique

Généralement dans un film de fiction, et plus particulièrement dans un film à suspense, la tension dramatique naît en grande partie du fait que nous, spectateurs, ignorons ce qui va se produire. Tant sur le plan de la bande musicale que de la prise de vue ou du montage, tout est mis en place pour susciter ou déjouer nos attentes et c'est de ces tensions que nous tirons en partie notre plaisir. Quo Vadis, Aida ? se caractérise également par une forte tension dramatique et pourtant, il ne répond pas à ce critère d'incertitude puisque nous avons tous une connaissance préalable plus ou moins approfondie des événements qu'il met en scène et de leur issue tragique. Il est tout d'abord remarquable que Jasmila Zbanic ait choisi de livrer son récit dans un silence analogue à celui qui a entouré les événements de ces journées-là, autrement dit sans un arrière-plan musical qui aurait pu fausser le climat pesant qui régnait alors sur la base de l'ONU et ses abords immédiats. Par contre, la musique déchirante qui ouvre et ferme le film permet d'inscrire d'emblée ce récit dans le registre dramatique.

C'est ici une nouvelle fois le parti pris de la fiction qui permet notre implication émotionnelle. Les exigences de neutralité du documentaire classique auraient en effet imposé l'instauration d'une distance entre passé et présent par le recours aux images d'archives, aux témoignages de survivants, aux traces du conflit encore visibles aujourd'hui, aux analyses d'experts (historiens, sociologues, psychologues...)....Notre position de spectateur aurait ainsi été déplacée à l'extérieur des événements, qui auraient repris leur place dans un passé révolu et tenu à distance. À l'inverse, le choix d'ancrer le récit dans le présent des événements relatés et de montrer leur évolution à travers le regard d'un personnage en train de les vivre introduit un décalage de point de vue puisque, contrairement à ce personnage, nous savons exactement comment les choses vont se passer. Cet état de fait indique donc que l'intention de la réalisatrice est bien moins de nous informer que de nous amener à partager le stress et le ressenti hic et nunc de la population bosniaque victime des Serbes et confrontée à l'inertie des forces de l'ONU. C'est donc à travers le pressentiment angoissé d'Aida et le combat désespéré qu'elle mène pour préserver ses proches que nous ressentons réellement toute l'horreur d'un génocide dont nous connaissons pourtant l'existence. L'identification au personnage d'Aida permet ainsi d'accentuer l'empathie que nous ressentons vis-à-vis de la jeune femme et, à travers elle, de l'ensemble des Bosniaques, tout en nous portant rapidement à adopter un point de vue critique sur l'action (ou le manque de réaction) des uns et des autres.

Quelques choix de mise en scène

Dans cette même perspective de montrer les choses du point de vue d'Aida, autrement dit d'un personnage qui pressent la tragédie mais qui en sait moins que nous, la violence et la brutalité restent délibérément en dehors du champ de la caméra. Ce choix de mise en scène permet non seulement d'éviter les images spectaculaires qui caractérisent habituellement le film de guerre - et qui nous sont malheureusement familières en raison d'une large diffusion dans les médias au moment des faits -, mais surtout de renforcer la tension dramatique en restant au plus près de l'être humain alors suspendu à une attente insupportable. Ce climat d'angoisse est particulièrement bien rendu dans le film, avec de longues séquences de nuit montrant par de lents travellings les réfugiés assis dans le noir, incapables de trouver le sommeil et soudain pris d'une crise d'angoisse incontrôlable, comme cet homme dont les hurlements brisent tout à - coup le silence, persuadé qu'il est, en voyant un homme faire un malaise, que les Serbes sont en train de les gazer.

Le long regard qu'Aida porte en direction du spectateur à la fin du film en dit long sur les conséquences morales et psychologiques irréversibles du conflit sur la vie de ces femmes désormais privées de leurs fils, époux, pères ou frères assassinés, mais aussi dépouillées de leurs biens et, par là, d'une partie de leur histoire. En tant que figure cinématographique généralement proscrite du film de fiction, un tel regard caméra crée entre le spectateur et Aida — ainsi suspendue de son rôle pour quelques instants — une forme d'interaction parasociale qui relève d'un choix de réalisation susceptible de correspondre à une volonté de défictionaliser le récit, de ramener en quelque sorte cette histoire sur le terrain du réel : celui du difficile retour au village après la guerre, amputée des siens et dans un appartement dépouillé de son histoire par les occupants serbes qui s'y sont installés illégitimement, du déterrement tardif des cadavres et de leur douloureuse identification par les proches... celui, aussi, de la vie qui reprend son cours dans le non-dit, comme l'incarne symboliquement la dernière séquence du film lorsque, côte à côte, les parents - victimes et bourreaux à nouveau réunis - regardent le spectacle de fin d'année : les élèves d'Aida, qui a repris son ancien métier d'institutrice, dansent sur scène en se cachant les yeux, tout comme ces adultes qui ont refusé de voir la tragédie qui se préparait... Le léger sourire qu'elle affiche en regardant le spectacle peut ici être interprété comme un signe de résilience et d'espoir face à la nouvelle génération qu'il lui appartient maintenant de guider sur le chemin de l'âge adulte, dans le respect des valeurs démocratiques, du respect de l'autre et de la tolérance.

 

 

Indirectement, cette dernière séquence renvoie à la toute première, qui s'ouvre sur un lent travelling latéral dévoilant les visages de son mari et de ses deux fils tournés vers le bord droit du cadre, leur regard fixé sur un même point du hors-champ. Cette séquence d'ouverture montre en réalité la réunion qui a lieu la veille de l'invasion serbe, entre les responsables locaux des forces de l'ONU et les représentants des habitants bosniaques de Srebrenica, qui leur reprochent leur inaction en dépit de leurs promesses et des signes avant-coureurs de la tragédie qui se prépare. Contre l'évidence, les Casques bleus répètent qu'il n'y a aucun danger : les Serbes se sont engagés à ne pas attaquer la ville, et en cas de non respect de cet engagement, ils interviendront dès le lendemain à l'aube. Sur le plan de la mise en scène, un tel aveuglement se traduit tantôt par une image envahie de poussière ou de fumée, tantôt une surexposition qui la rend « aveuglante », tantôt encore par un cadre très serré qui nous empêche d'avoir une vue claire de ce qui se passe, d'organiser les informations qui nous sont données à voir. C'est ainsi le cas de ce char, montré tout au début du film en quelques plans d'insert, qui circule agressivement et à pleine vitesse tout en nous rendant incapables d'identifier exactement l'environnement ou les circonstances dans lesquelles il évolue. Sur le terrain de l'interprétation, nous pouvons imaginer qu'un tel souci de plonger d'emblée le spectateur au cœur d'une situation qu'il est incapable de maîtriser correspond en quelque sorte à une volonté de lui faire partager à la fois le sentiment d'urgence ressenti par la population bosniaque de Srebrenica et l'aveuglement qui est alors celui des Casques bleus néerlandais. Et dans un tel contexte de désorientation et de panique, la question qui titre le film de Jasmila Zbanic « Où vas-tu, Aida » trouve évidemment tout son sens.

Image du film

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