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Documents complémentaires au dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Le Chien jaune de Mongolie
de Byambasuren Davaa
Allemagne/Mongolie, 2005,1h33

Les documents proposés ici sont destinés à accompagner le dossier pédagogique réalisé par les Grignoux et consacré au film Le Chien jaune de Mongolie. Ils complètent en particulier l'approche de la mise en scène proposée dans la dernière partie de ce dossier (pages 15 à 20 du dossier imprimé).

Documentaire et fiction

Le Chien jaune de Mongolie est un film de fiction, même s’il a une base documentaire importante. L’histoire racontée a été inventée par la cinéaste, et les événements ont été mis en scène avec toute une équipe cinématographique.

Une des particularités de ce film cependant est que les personnages jouent leur propre rôle: la réalisatrice a filmé une véritable famille de nomades mongols qui vivent dans les yourtes montrées dans le film. Dès lors se pose la question — notamment pour les jeunes spectateurs — du partage entre la vérité et la fiction.

L’exemple du Chien jaune de Mongolie est donc l’occasion de mieux comprendre comment on réalise un film et quelle est la part d’invention, de mise en scène, d’artifice dans un tel film. Plusieurs exemples du travail de mise en scène sont détaillés dans le dossier imprimé. Un court extrait du film va permettre ici de compléter cette approche.

Le dernier plan du film Le Chien jaune de Mongolie, loin d'être pris "sur le vif", révèle en effet facilement, avec un peu de réflexion, tout le travail de mise en scène et de reconstituion qu'il a nécessité de la part de la réalisatrice Byambasuren Davaa. Regardons ainsi cet extrait avec les spectateurs (jeunes ou moins jeunes, car l'exercice peut également intéresser des adultes).

 

Analyse

Au début du plan, l'axe de la caméra est perpendiculaire à la petite caravane sur laquelle la maman installe son jeune fils qui avait disparu. Puis la caravane démarre et commence à défiler devant la caméra.

Surprise ! Au bout de la caravane, on découvre la jeune Nansal avec son chien dont on ne savait pas trop ce qu'il était devenu (au plan précédent, il avait fait mine de suivre le papa à cheval puis s'était assis sans bouger). La cinéaste a bien sûr choisi de nous montrer d'abord les parents puis de nous faire découvrir la petite héroïne qui a enfin retrouvé son chien.

La caméra qui était fixe tourne alors sur sa gauche pour suivre Nansal et son chien qui sont évidemment les personnages principaux de cette histoire. Grâce à ce mouvement panoramique (la caméra imite le mouvement de quelqu'un qui tournerait la tête), nous découvrons toute la caravane et le paysage où elle se déplace avec notamment la route qui serpente à gauche. Et c'est à ce moment précis qu'apparaît la camionnette de la commission électorale, au fond du paysage tout à gauche. Il est clair que le mouvement de la caméra a été volontairement synchronisé avec celui de la camionnette pour que celle-ci apparaisse au bon moment dans le plan (il a suffi par exemple d'appeler le conducteur de la camionnette par talkie-walkie).

Ce plan en apparence très simple est donc travaillé et agencé pour tenir compte de ce qui apparaîtra à l'écran, ainsi que des réactions des spectateurs (par exemple pour les surprendre, même légèrement). Les personnages, acteurs de leur propre rôle, étaient pourtant loin d'agir à leur guise et ils ont donc dû constamment respecter les consignes de la cinéaste. Tout cela résulte d'un travail de mise en scène des personnages qui relève de la fiction et qui distingue donc ce film d'un véritable documentaire qui se doit d'intervenir un minimum dans la réalité.

En pratique

Cette analyse est-elle trop compliquée pour de jeunes enfants? Peut-être. Pour concrétiser cela, proposons-leur de tourner eux-mêmes cette scène par exemple avec une petite caméra vidéo posée sur un pied (il s'agit d'un matériel amateur, relativement bon marché, que possèdent aujourd'hui de nombreux particuliers).

Bien entendu, on ne pourra pas mettre en scène une vraie caravane ni un vrai troupeau de moutons! Mais on peut demander à une dizaine d'enfants de se rassembler et de faire une chenille (avec les mains sur les épaules de celui qui précède) qui symbolisera la caravane. Le dernier membre de la chenille portera sur les épaules une peluche ou une poupée représentant la petite Nansal et son chien.

Deux enfants (avec l'instituteur ou l'animateur) joueront alors le rôle de cameraman et de metteur en scène (qui dirige les acteurs). Un autre enfant jouera quant à lui le rôle du camion qui apparaît à la fin du plan analysé ci-dessus. Encore une fois, il ne s'agit pas de faire une reconstitution réaliste, et notre "camionneur" pourra utiliser n'importe quel objet (un balai, un rond en carton, un mini-vélo...) pour symboliser son camion et/ou son volant. Si l'on veut être complet, un petit groupe d'enfants pourra jouer le rôle du troupeau de moutons dirigé par le papa de Nansal.

Ce qui importe, c'est retrouver la même position et les mêmes mouvements de caméra, ainsi que les mêmes déplacements de personnages et de véhicules (caravane, camion...). Le tournage pourra se faire dans la classe pour autant qu'elle ait été débarrrassée des tables et des chaises, ou éventuellement dans la cour de récréation.

Si l'on travaille en classe (où les contraintes de l'espace sont plus grandes), on peut imaginer que la caravane la traverse en diagonale et sorte par la porte au moment même où notre camion va y pénétrer. Ce sont donc les premières indications à donner à la "chenille" et au camionneur. Comme la pièce est de dimensions restreintes, on insistera pour la chenille se déplace relativement lentement pour que la caméra puisse suivre son mouvement.

Une fois le mouvement des "acteurs" bien précisé, demandons aux enfants où doit être placée la caméra. Elle devrait être placée en principe près du point de départ de la caravane, perpendiculairement à cette chenille : les enfants vont passer l'un après l'autre devant l'objectif de la caméra jusqu'au porteur de la peluche symbolisant Nansal.

La caméra va alors panoramiquer - tourner sur son axe vers la gauche - pour suivre le mouvement de "Nansal" et saisir progressivement l'ensemble de la caravane se dirigeant lentement vers la porte : quand la caméra cadrera effectivement la porte, le metteur en scène devra faire un signe au camionneur pour qu'il entre dans la classe et se dirige vers la caméra.


un exemple de disposition

Il est à peu près certain que le premier essai sera un échec, tant ce plan demande une grande coordination des mouvement des personnages (ou "véhicules") et de la caméra. On devra donc certainement faire plusieurs essais pour un résultat qui pourra être à peu près satisfaisant.

L'objectif bien sûr n'est pas de réaliser un plan parfait mais de faire prendre conscience aux participants de la complexité du tournage d'un tel plan. Après quelques essais, on comparera ce qui a été réalisé au plan original du Chien jaune de Mongolie. La comparaison permettra certainement à présent aux spectateurs de mieux prendre la mesure de la difficulté de réalisation d'un plan qui peut avoir l'air très "simple" pour quelqu'un de peu averti.


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