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À l’aube du XXe siècle, une jeune institutrice débarque dans une communauté isolée de montagne et y découvre un monde insoupçonné… Véritable coup de coeur découvert à la Quinzaine des cinéastes à Cannes, L’Engloutie est une proposition de cinéma intrigante et audacieuse, où la nature et le désir se mêlent dans un envoûtement à la fois sensuel et mystique
1899. Par une nuit de tempête, Aimée (Galatea Bellugi), jeune institutrice républicaine, arrive dans un hameau enneigé aux confins des Hautes-Alpes. Malgré la méfiance des habitants, elle se montre bien décidée à éclairer de ses lumières leurs croyances obscures. Alors qu’elle se fond dans la vie de la communauté, un vertige sensuel grandit en elle. Jusqu’au jour où une avalanche engloutit un premier montagnard…
L’Engloutie fait partie de ces films singuliers et audacieux qui ont parfois du mal à se frayer un chemin jusqu’à nos écrans wallons. Nous sommes d’ailleurs reconnaissants envers les distributeurs belges (ici, Lumière) de continuer à soutenir ce genre de propositions, pour lesquelles notre rôle de médiateur culturel trouve tout son sens. Nous ne pouvons que vous encourager à partir à la découverte de ce jeune cinéma français, très éloigné des sentiers battus des productions grand public et qui, pourtant, demeure l’un des plus stimulants pour les curiosités cinéphiles.
Ces chemins de traverse sont aussi ceux qu’emprunte Aimée pour accéder à ce hameau isolé des montagnes là où le temps semble s’écouler à un autre rythme, dicté par la lumière du soleil et le fil des saisons. Aimée y arrive pleine de convictions, persuadée d’y mener une petite révolution des savoirs sans imaginer que c’est elle qui, la première, se trouvera ébranlée par des forces invisibles et impérieuses… La réussite du film tient dans sa façon subtile d’y installer une part de mystère, irriguant chaque plan d’un secret qu’il appartient à chacun d’investir de ses propres croyances. Naviguant entre le réel et le fantastique, le film ouvre ainsi toute une série d’interrogations que la haute montagne, filmée comme un bloc à la fois écrasant et vaporeux, vient accentuer. Le désir féminin, les prémices de la fin d’un monde, la puissance insondable de la nature incarnent ainsi une série de pistes offertes à notre interprétation.
Avec ce premier long métrage, Louise Hémon s’inscrit dans le même champ cinéphilique qu’Alice Rohrwacher (La Chimera, Heureux comme Lazzaro) ou Maura Delpero (Vermiglio). Elle fabrique un cinéma artisanal, habité par une nostalgie diffuse, qui nous laisse avec cette impression fugace mais précise d’avoir accès à quelque chose de rare, et donc de précieux.
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux
