2025-10-29
20:00
Adapté du livre éponyme et autobiographique de l’activiste et artiste belge Fleur Pierets, ce premier film est une très belle découverte de cinéma qui raconte l’intensité du coup de foudre et l’amour comme puissant adjuvant face à l’adversité, sur fond de questionnements sociétaux
Fleur et Julian tombent follement amoureuses. Peu de temps après que Julian a fait sa demande en mariage, une idée ambitieuse mais complexe commence à germer dans l’esprit de Fleur. Petit à petit, elle élabore un plan : se marier dans chaque pays où leur union est légalement reconnue. Portées par leur amour, elles se lancent dans cette aventure. Mais après seulement quatre mariages, leur parcours s’interrompt inévitablement en découvrant la maladie de Julian…
Julian est un film d’un romantisme absolu qui tient en équilibre, allant de la beauté à la gravité, de l’intime à l’universel voire jusqu’au politique, sans jamais tomber.
Cato Kusters, jeune réalisatrice flamande de 26 ans, fragmente son récit et en modifie les temporalités pour juxtaposer des séquences fortes, pleines de musicalité. Produit par la société de Michiel et Lukas Dhont ainsi que celle de Jean-Pierre et Luc Dardenne, Julian explore le sentiment amoureux dans toute sa pureté et sa fragilité, jusqu’à le faire dialoguer avec la disparition, ce qui le rend si mélancolique. Très formel, il doit toutefois énormément aux deux comédiennes principales. Elles sont magnifiques de justesse dans l’expression de leurs émotions profondes qui disent, par exemple, la douleur pour leur personnage d’imaginer vivre un jour sans l’autre.
Dans un monde où les droits fondamentaux reculent, en particulier pour les homosexuel·les dont le mariage est encore vu comme une menace dans certains pays comme le Brésil (la séquence où Fleur et Julian se voient refuser leur demande par l’administration du pays au prétexte que la Gay Pride aurait provoqué des incidents), Julian exprime aussi haut et fort une évidence pourtant malmenée : l’amour est un droit pour toutes et tous. Il le fait à l’aide d’une caméra fébrile, souvent portée à l’épaule, qui offre un cachet plus personnel encore à ce que l’on découvre. Comme une caméra-stylo qui laisserait une trace pour raconter les souvenirs marquants d’une vie toujours trop courte.
On pense aux pages d’un journal intime qui seraient spontanément mises en images, car Julian est aussi l’histoire d’un film sur un film se construisant sous nos yeux qui ne pourront retenir leurs larmes.
Nicolas Bruyelle, les Grignoux
