Cinéaste radical et exigeant, Albert Serra (Pacifiction) signe ce documentaire hypnotique et troublant filmé au cœur d’une arène de corrida. Plus que le portrait du toréador Andrés Roca Rey, c’est l’état de transe viriliste et contagieuse qui émane de lui qui semble fasciner le réalisateur…
Voilà un film qui a suscité bien des discussions et des avis contrastés au sein de notre équipe de programmation. Salué par la critique internationale, d’une qualité de mise en scène indéniable, Tardes de soledad est aussi empreint d’une grande violence, filmée ici de manière brute et distanciée, dans toute la vérité de sa cruauté, et cela peut interpeller. Cette cruauté visible n’empêche pas une certaine esthétisation qui va de pair avec le déploiement d’un geste cinématographique méticuleux.
Qu’Albert Serra soit pour ou contre la corrida n’est pas le motif de ce documentaire. Pour autant, le regard qu’il porte sur Roca Rey et sa troupe de soupirants – ayant tous l’air dopés à la testostérone – apparaît, lui, sans équivoque. Tardes de soledad est un film qui se regarde, s’écoute, se pense. Qui met, certes, à l’épreuve notre regard et notre cœur, mais demeure une proposition de cinéma inédite.
Les Grignoux