Avec ce deuxième long métrage de fiction, Alessandro Cassigoli et Casey Kauffman plongent au coeur de l’intimité d’un couple napolitain de la classe moyenne, confronté à l’expérience bouleversante de l’adoption. Une chronique vivante, traversée d’une grande sensibilité
Jasmine, 40 ans, semble avoir tout pour elle : un mari aimant, trois beaux et grands garçons et son propre salon de coiffure dans la banlieue de Naples, là où elle a grandi. Après le décès de son père, un rêve récurrent la hante et fait naître en elle le désir intense d’avoir une fille. Elle se lance tête baissée dans une procédure d’adoption complexe, mettant en péril son mariage et l’équilibre familial.
Présenté dans la section Orizzonti du Festival de Venise, Vittoria est une fiction impressionnante d’authenticité qui se situe à la frontière du documentaire. En plus d’informer précisément sur les démarches administratives liées à l’adoption en Italie, Vittoria nous immerge dans une aventure familiale extrêmement vivante, déroulant sur le vif une réalité sociale typiquement napolitaine qui nous emporte dans la foulée déterminée de cette femme sûre de son intuition, habitée presque physiquement par l’image de cette petite fille blonde dont elle se sent déjà la mère.
À l’image des protagonistes de The Rider de Chloé Zhao ou de Il pleut dans la maison de Paloma Sermon-Daï, Jasmine et sa famille rejouent ici leur propre histoire, avec une sincérité désarmante. Leur présence insuffle au film une émotion brute et immédiate, une vérité que le cinéma n’atteint que très rarement, et qui nous laisse avec cette impression douce et troublante d’avoir eu accès à quelque chose de très intime, aussi ténu et fragile que les premiers liens tissés avec un enfant, quand bien même ceux-ci se construisent dans l’incertitude et la distance d’un parcours d’adoption.
LES GRIGNOUX