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Cinéaste au parcours exemplaire depuis plus de trente ans, Cédric Kahn (Roberto Succo, Le Procès Goldman) signe une généreuse et savoureuse comédie sur le tournage d’un film qui part en vrille
Simon, réalisateur aguerri, débute le tournage d’un film racontant le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles de son producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran, il est vite dépassé par les événements. Abandonné par ses financiers, Simon doit affronter un conflit social avec sa propre équipe. Dans ce tournage infernal, son seul allié est le jeune figurant à qui il a confié la réalisation du making of…
« Bienvenue dans le monde merveilleux du cinéma », nous annonce l’affiche du film… et vous ne le regretterez pas, aurait-on tendance à préciser ! Making of est résolument porté par un désir absolu de faire rire. Avec l’expérience qui est la sienne derrière (mais aussi devant) la caméra, Cédric Kahn réussit un film authentique, plein de rebondissements, avec un propos social et politique en filigrane.
Il ne faut pas être fin connaisseur du milieu du cinéma et de la vie d’un tournage pour être sensible à l’humour et aux enjeux de ce Making of. Il s’agit finalement d’un instantané exemplaire de la comédie humaine qu’est notre vie de tous les jours, incarnée par une galerie savoureuse de personnages finement écrits et auxquels il est facile de s’identifier. La vie du tournage et le scénario se contaminent : tout est confusion pour notre plus grand bonheur. Les quiproquos insufflent une énergie communicative, relance le récit d’un personnage à l’autre, d’un niveau de l’histoire à l’autre. Au centre de tout, il y a ce réalisateur-chef d’orchestre qui est terriblement attachant dans son obstination maladroite à tenir tête aux complications qui s’abattent sur lui.
Le film raconte aussi à quel point faire un film d’auteur est de plus en plus difficile de nos jours. Les financiers ont peur des sujets qui fâchent et, au bout du compte, le challenge le plus dur pour un réalisateur est sans doute de ne pas perdre ses convictions, tout en gardant un œil sur sa vie privée qui, par ricochet, subit les affres d'un tournage compliqué, ce que Making of relate très bien.
L’observation que propose Cédric Kahn du milieu n’est pas amère. Il rend hommage aux gens de l’ombre, techniciens et figurants en tête, sans qui un film ne pourrait se faire.
Le cinéma est un art vivant, une aventure vécue en équipe où seul le collectif permet d’atteindre les objectifs. Finalement, à nous de profiter du résultat, assis dans la salle, face au grand écran !
NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux
