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affiche du film The Whale

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The Whale

  • Titre original
    The Whale
  • Réalisé par
    Darren Aronofsky
  • Interprété par
    Samantha Morton, Sadie Sink, Brendan Fraser
  • Distributeur
    Cinéart
  • Langue
    Anglais
  • Pays d'origine
    USA
  • Année
    2023
  • Durée
    01 h 57
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2023-03-08

Un drame intimiste, empli de tendresse et d’humanité, sur un être cabossé par la vie et qui souffre d’obésité. Une interprétation époustouflante de Brendan Fraser et un retour marquant pour Darren Aronofsky, dans la lignée de son chef-d’œuvre, The Wrestler, auquel on pense beaucoup ici. Oscar du meilleur acteur pour Brendan Fraser !

Charlie, professeur d'anglais reclus chez lui, tente de renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption… Darren Aronofsky a toujours eu de l’affection pour ces figures cabossées et marginales que l’Amérique droitière et bien-pensante n’accepte jamais de regarder droit dans les yeux ou avec amour. Parfois pompiers (The Fountain), souvent baroques et gracieux (Black Swan), ses films contiennent aussi une dimension sociale et politique (les époustouflants Requiem for a Dream et The Wrestler), catégorie dans laquelle on peut directement ranger The Whale.

Le film fait le portrait d’un homme obèse, replié chez lui, en pleine dépression, ingurgitant de la nourriture à défaut de recevoir l’amour qui lui manque tant. Dans ce rôle difficile à incarner, Brendan Fraser ne ressemble plus du tout au héros de La Momie. Après avoir pris beaucoup de poids et enfilé des prothèses, il se transforme symboliquement (il y a de nombreux marqueurs signifiants dans le film) en une baleine en perdition, attaquée de toute part, comme dans Moby Dick, le célèbre roman d’Herman Melville auquel se réfère sans cesse Charlie. The Whale est un huis clos d’une incroyable vitalité, un vrai tour de force scénaristique et formel qui se montre intelligemment sobre et anti-spectaculaire.

Aronofsky parvient à gommer les contraintes du lieu unique par sa façon d’utiliser les potentialités dramaturgiques de la profondeur de champ et de la lumière. C’est un thriller en suspension qui ne quitte pas une seule seconde son personnage principal, incapable de bouger. C’est aussi un drame psychologique et social qui pose un regard sans concession sur l’être humain ou sur les relations familiales. Le cinéaste filme Charlie avec beaucoup de tendresse, il n’en fait jamais un monstre ridicule, une bête de foire, un « freak ». Ce drame du quotidien, ce portrait d’une Amérique qui abandonne les êtres en souffrance est terriblement poignant et la performance de Brendan Fraser d’autant plus intense et juste.

La voix, si grave et profonde, les yeux tristes, le corps flasque qui ne peut bouger, la violence verbale (The Whale est un film où la parole est centrale) qui peine à se transformer en amour, le contact compliqué avec sa fille devenue une jeune adulte, tout cela fait de Charlie un personnage complexe et poignant dont il est difficile de se défaire. Le suspense du film tient dans la description minutieuse du quotidien d’un homme extraordinaire, dans tous les sens du terme, dont le moindre geste, le petit souffle anodin, la respiration difficile, les envolées verbales et littéraires soudaines, la gentillesse ou la violence nous font trembler d’émotion car on se dit, décidemment, que tout ne tient qu’à un fil.

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film