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Bande-annonce
affiche du film À pied d’œuvre
  • Rencontre

    Le 05/02/26 à 20:15

    À pied d’œuvre

    À travers le portrait d’un écrivain déclassé, Valérie Donzelli prend le pouls d’une société plongeant sans filet dans les dérives d’un ultralibéralisme carnassier. Coécrit avec Gilles Marchand (coscénariste de Dossier 137) d’après le roman de Franck Courtès, À pied d’œuvre déplie sobrement mais avec une acuité précise dans l’écriture un monde où la culture ne vaudrait plus que pour sa valeur marchande. Prix du scénario au Festival de Venise 2025 
     
    « Achever un texte ne veut pas dire être publié, être publié ne veut pas dire être lu, être lu ne veut pas dire être aimé, être aimé ne veut pas dire avoir du succès, avoir du succès n’augure aucune fortune. » À pied d’œuvre raconte l’histoire vraie d’un photographe à succès qui abandonne tout pour devenir écrivain, et découvre la pauvreté… 

    Paul Marquet (Bastien Bouillon) tient de ce qu’on pourrait rapidement nommer un artiste idéaliste. Porté par une nécessité intime de raconter le monde, il a choisi de consacrer sa vie à l’écriture. Mais cette vocation, bien qu’elle ait été récompensée par quelques succès, ne lui permet plus de vivre décemment. Suite à une séparation, et peinant à rédiger son quatrième roman, il emménage dans un studio en sous-sol et s’inscrit sur Jobbing, une appli mettant en relation des chercheurs d’emploi avec des particuliers en demande d’interventions diverses (déménagement, jardinage, etc.). L’objectif de cette plateforme ? Amener les utilisateurs à brader leur main-d’œuvre au prix le plus bas en espérant décrocher un « contrat ». Et, par la même occasion, construire un esclavagisme 2.0 contournant toutes les lois du travail. 

    Cette fameuse application n’existe pas encore mais le monde qui pourrait l’inventer est déjà, lui, bel et bien en marche. Paul, homme privilégié jouissant d’un haut capital culturel, se retrouve ainsi tout en bas de l’échelle sociale parce qu’il souhaite vivre de son art. À travers lui, Valérie Donzelli dessine le portrait d’un écrivain moderne, radical, porté par la pure nécessité d’écrire. Mais, de manière plus diffuse et trouble, elle dresse aussi l’état des lieux d’un monde qui pousse les artistes à la marge. L’art de Paul n’étant plus lucratif, il ne lui reste que ses bras et ses jambes pour s’en sortir. « Entre mon métier d’écrivain et celui de manœuvre, je ne suis socialement plus rien de précis. Je suis à la misère ce que cinq heures du soir en hiver sont à l’obscurité : il fait noir mais ce n’est pas encore la nuit. » La voix off de Paul, lancinante, accompagne ainsi son effondrement progressif. 

    Dans cette dégringolade sociale – qui fait écho au vacillement moral de toute une société –, il trouvera peu de répit, abandonné tour à tour par son éditrice, sa famille, son ego. Il lui restera néanmoins les mots, toujours plus secs, toujours plus directs, pour décrire ce monde qui se défait à bas bruit de son humanité. 

    Alicia Del Puppo, les Grignoux

    Séance suivie d'un échange en présence de Valérie Donzelli, réalisatrice

    Places prochainement en vente en ligne et aux caisses de nos cinémas

    Fiche PDF de l'évènement