Ce film est disponible également en matinées scolaires
Pas de séances programmées pour ce film dans nos salles pour l'instant.
En contant l’histoire de son père, agriculteur enlisé dans des démarches de développement de son exploitation, Edouard Bergeon livre un drame social et politique poignant
Pierre (superbement incarné par un Guillaume Canet méconnaissable) a 25 ans quand, à la fin des années 1970, il rachète la ferme des Grands-Bois appartenant à son père. Avec sa fiancée, Claire (Veerle Baetens), c’est le sourire aux lèvres qu’il se lance dans l’aventure. Mais le réalisateur ne va pas s’éterniser sur cette étape de leur vie et nous emmène directement vingt ans plus tard, dans les années 1990, où le secteur agricole a bien changé. L’exploitation a grandi : elle s’est depuis lors mécanisée, il y a plus de bêtes et des engrais chimiques. Claire s’occupe de la gestion financière de la ferme et, sur le côté, elle a un petit boulot de comptable. Avec leurs deux enfants, ils sont une famille soudée. Leur cadet (Anthony Bajon, interprétant le réalisateur jeune) travaille avec entrain aux côtés de son père et se forme pour reprendre un jour la ferme. L’ambiance est au beau fixe, mais l'on comprend que le couple fait face à des difficultés financières. Et Claire de rappeler qu’elle remplit le frigo grâce à son métier de comptable. Pierre ressent une forme de pression sociale car les autres agriculteurs de la région agrandissent leurs fermes et il ne faudrait pas être le petit dernier. Alors, quand une coopérative agricole suggère à Pierre de se développper encore, et comme unique option face à sa situation, il se lance dans l’aventure, déterminé.
Dans son contrat avec la coopérative, Pierre est contraint d’acheter ses produits, à des tarifs qu’elle fixe de manière insidieuse et monopolistique. C'est la spirale de l’endettement. Claire envisage bien une solution, en allant demander de l’aide à son beau-père, mais cet homme est dur et méprise son fils pour s’être éloigné à ce point de la réalité du métier. Pierre, perdant peu à peu pied face à la situation, aurait pourtant grandement besoin de son soutien… On est touchés au plus profond de nous par cette histoire bouleversante qui, au-delà de sa singularité, représente l’évolution radicale du monde agricole sur quarante ans, et nous montre à quel point les agriculteurs n’ont eu d’autres choix que de s’adapter pour être finalement abandonnés dans leur descente aux enfers.
LUDIVINE FANIEL, LES GRIGNOUX
Enseignant·e·s, ce film est visible en séance scolaire à Namur