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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Hôtel Rwanda
de Terry George
Grande-Bretagne, Italie, Afrique du Sud, 2005, 2 h 00

Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du secondaire qui verront le film Hôtel Rwanda avec leurs élèves (entre quatorze et dix-huit ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.

Retour sur l’histoire

Objectifs

  • Comprendre le contexte historique qui a mené au génocide rwandais (le rôle de la colonisation et ses effets après l’indépendance du pays)
  • Maîtriser le contexte du film
  • Identifier les différents intervenants extérieurs, leur position et leur rôle dans le conflit rwandais

Méthode

  • Utiliser des situations du film comme point de départ à une approche historique et politique au sens large (la période coloniale mais aussi la période contemporaine des événements montrés par le film, la position et le rôle des intervenants extérieurs)
  • Identifier dans ces situations les informations qui font écho à une réalité historique. Au besoin, consulter un dictionnaire, une encyclopédie, Internet...
  • Se servir des portraits établis au cours de la première animation (si, toutefois, celle-ci a été réalisée)
  • Mettre ces situations en relation avec les documents présentés en encadré ci-dessous [ces documents reproduits dans le dossiers imprimé ne sont pas repris sur cette page WEB]
  • Partager les connaissances acquises en grand groupe

Pratiquement

Chaque élève recevra une des situations reprises dans la liste ci-dessous. Il identifiera les détails qui paraissent importants d’un point de vue historique [1], avant de les classer dans l’une des trois rubriques suivantes :

  • la colonisation et ses effets sur les clivages entre populations Hutu et Tutsi
  • la période contemporaine des faits évoqués par le film
  • la position et le rôle des intervenants extérieurs

Après cette première étape, les élèves se regrouperont en fonction des trois catégories établies et entreprendront un travail d’équipe, qui aura pour double objectif de mettre en relation les informations identifiées par chacun, et de les confronter ensuite au texte correspondant présenté en encadré.

Une dernière étape permettra enfin aux élèves de partager les connaissances acquises avec l’ensemble de la classe. Nous suggérons qu’ils produisent à cette fin un document synthétique et imagé (par exemple, sous forme d’une ligne du temps, d’un organigramme...)


1. À ce stade de l'animation, on préférera rester prudents en évitant de signaler immédiatement ces détails comme étant historiquement vrais dans la mesure où le film de Terry George est une fiction qui, à ce titre, nécessite une confrontation avec la réalité historique, même si cette fiction s'inspire très largement de l'expérience authentique d'un homme et si elle reproduit avec soin les temps forts de toute une époque.

Seize situations du film pour aborder l’histoire du Rwanda

  1. Hôtel Rwanda débute par un extrait d’une émission radio. On entend le présentateur de RTLM (la Radio Télévision Libre des Mille Collines) qui s’exprime sur fond d’écran noir : « Quand les gens me demandent pourquoi je déteste autant les Tutsi, je leur réponds : “lisez notre histoire”. Les Tutsi étaient les collaborateurs des colons belges. Ils ont volé la terre des Hutu. Ils nous ont dépossédés et ils sont revenus, ces espèces de rebelles. Ce sont des cafards. Ce sont des meurtriers. Le Rwanda est la terre des Hutu. Nous sommes majoritaires. Ils sont une minorités de traîtres et d’envahisseurs. Nous éradiquerons l’infection. Nous les éliminerons tous, ces rebelles APR *. Vous êtes sur RTLM, la radio de la force Hutu. Restez sur vos gardes. Surveillez vos voisins... »
  2. Kigali, 1994. Paul et son assistant, Dube, vont se ravitailler en bière chez George Rutaganda, un animateur de RTLM. Un incident a lieu à l’entrepôt : une caisse censée contenir de la bière cède, laissant échapper une grande quantité de machettes.
  3. Au bar de l’hôtel, un journaliste demande à un homme s’il est capable de définir la différence entre un Hutu et un Tutsi. Celui-ci répond : « Selon les colons belges, je dirais que les Tutsi sont plus grands et bien plus élégants. Ce sont les Belges qui ont créé cette espèce de scission. Ils ont pris des types et les ont choisis selon la largeur de leur nez et leur couleur. Ils avaient l’habitude de tous nous mesurer le nez. Ce sont les Belges qui ont mis les Tutsi à la tête du pays, et quand ils sont partis, ils ont donné le pouvoir aux Hutu, alors bien sûr, les Hutu ont décidé de prendre leur revanche en malmenant les Tutsi. »
  4. Toujours à l’hôtel, la télévision diffuse une interview d’Augustin Bizimungu, un Général des FAR :
    « Les Nations-Unies clament à qui veut l’entendre que l’Armée rwandaise entraîne en secret une milice Hutu appelée Interhamwe. Je suis allé poser directement poser la question au Général Bizimungu...
    — Non ! Nous n’entraînons pas de milice secrète ! Les Nations Unies portent de fausses accusations !
    — Votre Président veut faire la paix avec les rebelles. Etes-vous d’accord avec lui ?
    — Le Président a le soutien total de son armée. »
    Le journaliste poursuit en parlant de l’accord de paix qui vient d’être signé le jour même en Tanzanie entre les forces rebelles Tutsi et le Président Habyarimana.
  5. Le frère de Tatiana, l’épouse de Paul, tient une information de source sûre : il va y avoir un massacre. Le signal sera donné sur RTLM : « Coupez les grands arbres ».
  6. Après sa journée de travail à l’hôtel, Paul rentre à la maison. Il découvre chez lui un groupe de voisins Tutsi dont la maison a été incendiée, et il apprend la nouvelle : le Président Habyarimana a été assassiné par les rebelles Tutsi.
  7. En sortant de chez lui pour discuter avec les soldats de la FAR, Paul doit montrer sa carte d’identité, qui porte le cachet « Hutu ».
  8. À l’hôtel, les journalistes interviewent le colonel canadien Oliver, de la MINUAR :
    « Nous avons entendu parler de représailles sanglantes. Est-ce que les Nations-Unies vont faire cesser les massacres ?
    — Nous maintenons la paix. Nous ne faisons pas la paix. J’ai ordre de ne pas intervenir. [...] Des factions du gouvernement et de l’armée essayent de suivre l’exemple de ce qui s’est passé pour les Américains en Somalie. Je crois qu’ils essayent de nous intimider. Il faut croire qu’ils veulent nous attaquer en espérant que les Occidentaux vont retirer toutes leurs troupes...
    — Croyez-vous qu’ils vont réussir ?
    — Non. Pas du tout ! Les Nations-Unies vont rester là. »
  9. Les soldats de l’ONU protègent l’hôtel comme ils peuvent des miliciens de l’Interhamwe. Le colonel Oliver confie à Paul qu’ils massacrent même ses hommes. Ainsi il a déjà perdu dix soldats belges.
  10. Les forces d’intervention promises par l’ONU arrivent sur place. Leur mission est de rapatrier les ressortissants occidentaux, y compris les journalistes. Tout le monde va quitter le navire : les Français, les Italiens, et même les soldats belges. Il ne restera que trois cents soldats de la paix pour tout le pays.
  11. Pendant l’évacuation des Blancs, on entend un flash infos à la radio : « D’après les Nations-Unies, il apparaît que les représentants américains et britanniques du Conseil de Sécurité seraient favorables au retrait des soldats de la paix au Rwanda ».
  12. Alors que l’hôtel est rempli de réfugiés, Paul est réveillé par un soldat des FAR, venu pour faire évacuer l’hôtel. Paul trouve une astuce pour téléphoner en douce en Belgique, au Directeur de la Sabena. Il lui demande de joindre les Français, parce que ce sont eux qui fournissent les armes à l’armée rwandaise.
  13. À la radio, une personne (sans doute une journaliste ou une diplomate) explique qu’on leur a interdit d’employer le terme de « génocide ». Chacun est tenu de surveiller ses propos et d’employer la formule « actes de génocide ».
  14. Pendant que les familles qui ont obtenu un visa de sortie grâce à leurs relations à l’étranger embarquent dans les camions des Nations-Unies, la radio diffuse un bulletin d’informations : « Selon la Croix Rouge, le nombre de morts pendant les affrontements au Rwanda pourrait atteindre 500 000. Un rapport établit que 40 000 corps ont été sortis du lac Victoria. » [Le lac Victoria situé en Tanzanie est alimenté par la rivière Kagera qui longe la frontière rwandaise.]
  15. Les soldats de la paix sauvent in extremis les réfugiés de l’hôtel. Ils font embarquer tout le monde dans les camions de l’ONU, qui réussissent à atteindre un camp de réfugiés. Des bus les attendent pour passer en Tanzanie.
  16. Le texte de générique apparaît sur fond noir, accompagné par une chanson : Paul Rusesabagina a hébergé 1268 réfugiés Tutsi et Hutu à l’Hôtel des Mille Collines à Kigali. Paul et Tatiana vivent maintenant en Belgique avec leurs enfants, Roger, Diane, Lys, Tresor et leurs nièces adoptées Anaïs et Carine. Thomas, le frère de Tatiana, et sa femme Fedens n’ont jamais été retrouvés. En 2002, le Général Augustin Bizimungu a été capturé en Angola et conduit en Tanzanie devant le Tribunal pour Crimes de Guerre des Nations Unies. Devant le même Tribunal, George Rutaganda, le leader de l’Interhamwe a été condamné à la prison à vie. Le génocide prit fin en juillet 1994, quand les rebelles Tutsi acculèrent l’armée Hutu et la milice Interhamwe à la frontière du Congo. Ils ont laissé derrière eux près d’un million de cadavres.

  17. * L'APR (Armée Patriotique Rwandaise) est le bras armé du FPR (Front Patriotique Rwandais), constitué de réfugiés Tutsi installés en Ouganda. Attention de ne pas confondre ces sigles avec celui des FAR (Forces Armées Rwandaises), l'armée du gouvernement rwandais composée de Hutu. Quelques jours après le début du film, soit le 8 avril 1994, ces deux forces entrent officiellement en guerre.


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