Regards
Quelques exemples :
- Frankie interroge le prêtre sur la Trinité : celui le traite finalement de « Fucking pagan », puis il regarde autour de Frankie pour voir si quelqu’un ne l’a pas entendu. Frankie sourit.
- Scrap observe Big Willie qui salue l’autre entraîneur Mickey Mack : plan rapproché sur le visage de Scrap.
- Maggie prend de la viande sur une table du restaurant : elle jette un regard au patron qui l’observe, et elle prétend que c’est pour son chien.
- Frankie regarde Danger par la fenêtre de son bureau en se demandant ce qu’il fait.
- Maggie arrive à la salle où Frankie entraîne Willie : elle s’arrête et lui jette un regard, il la regarde mais ne s’interrompt pas.
- « Cette fille fait des progrès, dit Scrap. — On dirait que quelqu’un l’aide » répond Frankie, en jetant un regard derrière lui (il est en train de ranger son sac).
- « Je défie le cobra de Detroit, Thomas “Hit Man”Hearns pourle championnt du monde Welter », crie Danger bras levés sur le ring ; Scrap répond : « Hé je porte ces mitaines [« pattes d’ours »] pour une raison ». Puis détournement, et Scrap rejoint Frankie dans son bureau. Regard de Maggie vers le bureau.
- Au bord du ring d’entraînement, Maggie demande à Frankie devenu son entraîneur : « Vous avez une famille ? » La caméra montre alors Scrap, qui a entendu et qui se retourne lentement en jetant un regard inquiet vers Frankie... qui ne répond pas immédiatement.
- Premier match de Maggie où Frankie intervient alors que c’est Sally l’entraîneur : l’arbitre demande « Elle se bat pour vous ? — Oui, elle se bat pour moi ! » répond-il après un moment d’hésitation en plongeant alors son regard dans celui de Maggie.
- Maggie gagne tous ses matches au premier round. Frankie lui fait remarquer que ça n’a pas que des bons côtés. Au match suivant, elle assomme à nouveau son adversaire à la première reprise : Frankie la regarde, elle le regarde et dit « Sorry, boss ! »
- Maggie à la station-service : échange de regards avec la petite fille dans le van.
- Maggie va se battre pour le titre à Las Vegas. Elle lève les bras sous les applaudissements et soudain se retourne pour découvrir son adversaire.
- À l’hôpital, on met Maggie dans le fauteuil : échange de regards avec Frankie debout à côté de la porte.
- Maggie est à l’hôpital. Depuis son bureau, Frankie essaie de joindre par téléphone sa famille qui est depuis cinq jours à l’hôtel. Il raccroche et par la fenêtre jette un œil à Scrap qui est en train de pousser un chariot rempli de balais.
- À l’hôpital, on garde Maggie sous sédatif : elle a le regard complètement vague. Frankie s’approche, son regard se tourne à peine vers Frankie.
Les regards constituent des petits gestes particulièrement parlants. Analysons un exemple de façon plus précise.
Maggie interroge Frankie sur sa famille. La question est naturelle et innocente, mais Scrap, qui a d'abord été montré muet à l'arrière-plan (en train d'essuyer les cordes du ring...), se retourne et jette un regard vers Frankie. Ce regard fonctionne immédiatement comme un signal, car il connaît bien Frankie, et l'on devine immédiatement de l'inquiétude dans ce regard. A posteriori, nous oublierons tous ce regard, et nous nous souviendrons seulement du sens général de la scène et du rôle de la fille (absente) de Frankie. Mais le regard aura véritablement fonctionné comme un détonateur.
© Les Grignoux - Michel Condé, 2006