La parole

On constate facilement que Million Dollar Baby est un film où la parole joue un rôle essentiel. C'est le cas bien sûr des interventions de la voix off, celle de Scrap qui accompagne une grande partie du film. Cette voix off se fait cependant facilement oublier, même si elle apporte à plusieurs reprises des informations essentielles. C'est ainsi notamment qu'à la fin du film, l'on comprendra que Scrap (qui parle en voix off) s'adresse en fait à la fille de Frankie. De façon générale, la voix sourde de Scrap donne une tonalité mélancolique au film par la gravité de ses propos sur la nature même de la boxe

Par ailleurs, à l'observation, on remarque que la parole est un moteur essentiel dans pratiquement toutes les séquences : les personnages s'affrontent, les personnages s'esquivent, les personnages évoluent, mais tout cela passe essentiellement par la parole.

Un exemple parmi bien d'autres : à la salle de boxe, Shawrelle "attaque" Maggie en s'en prenant à son physique et à ses seins peu développés, mais la jeune femme "l'envoie au tapis" par une réplique humoristique où elle rappelle que lors de son dernier combat, qu'il s'est retrouvé cloué au sol "comme si la toile avait des nichoons". Si des gestes et des attitudes accompagnent les paroles, le "combat" est on le voit purement verbal (ce qui peut presque paraître paradoxal dans un film sur la boxe). Ces répliques et bien d'autres révèlent combien Million Dollar Baby est un film "écrit", qui a nécessité un important travail de rédaction, notamment pour donner un aspect spontané ou "naturel" à ces dialogues qui fusent comme des tirs de mitraillette.

La seule action que l'on peut qualifier de décisive réside sans doute dans le dernier combat de Maggie où son adversaire, par sa traîtrise, brise le cours de sa vie. Dans toutes les autres séquences, le moteur de l'action réside dans les paroles échangées entre les personnages.

 

Pour terminer à ce sujet, voici donc, pour le plaisir du spectateur, les principales réflexions de Scrap sur la boxe :

© Les Grignoux - Michel Condé, 2006