Adapté du roman Sous l’eau de l'autrice britannique Déborah Levy, Swimming Home raconte comment l’intrusion d’une inconnue dans une famille va inexorablement amener celle-ci à faire resurgir de vieux secrets et à bouleverser son équilibre déjà très précaire
Quand ils arrivent dans la très jolie villa qu’ils ont louée en Grèce pour l’été, Joe, Isabel et leur fille Nina trouvent une jeune femme nue, flottant dans la piscine. Malgré les apparences, Kitti n’est pas morte. Elle se dit botaniste et amie de leur chauffeur. Intrigués par le côté fantasque de la jeune femme (elle cultive et mange des plantes vénéneuses) et sans doute aussi pour montrer qu’elle est loin des stéréotypes bourgeois auxquels on pourrait l’associer, Isabel lui propose de rester. S’installe alors une étrange relation entre la famille de Joe et la nouvelle venue, celle-ci entamant un jeu de séduction qui perturbe tout le monde, à commencer par Joe. Poète célèbre d’origine bosniaque et traumatisé par la guerre qui a détruit son pays, Joe souffre de dépression et est en pleine dérive artistique.
Swimming Home joue avec les codes du film de genre (on comprend très vite que cette famille, déjà au bord du gouffre, va voler en éclat), mais la mise en scène d’Anderson donne un relief aussi vénéneux que ludique au film. L’érotisme est aussi très présent : tension sensuelle au bord de la piscine, danses lascives dans la pénombre, plage peuplée de garçons en slip de bain… C’est tout un refoulé sexuel qui est libéré au fil du scénario et qui va de pair avec sa dimension ridicule. Dans cette étrange comédie sombre, le cinéaste emmène ses personnages – et les spectateurs – en dehors de leur zone de confort. Il dérange, égratigne et avertit : « Ne vous laissez pas tromper par le vernis social ».
LES GRIGNOUX