S’emparant d’une page peu connue, voire ignorée, de l’histoire française, celle de l’esclavagisme en Isle de France, Simon Moutaïrou signe un fi lm furieux et nécessaire. Drame historique en même temps que survival haletant, Ni chaînes ni maîtres révèle la violence des colons et l’origine de la pensée raciste
1759, Isle de France (actuelle Île Maurice). Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l’enfer vert de la canne à sucre. Une nuit, elle s’enfuit. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves, est engagée pour la traquer. Massamba n’a d’autre choix que de s’évader à son tour. Par cet acte, il devient un « marron », un fugitif qui rompt à jamais avec l’ordre colonial.
L’esclavage véhicule dans nos imaginaires européens des récits essentiellement liés à l’histoire des États-Unis, parce que le cinéma européen a jusqu’ici peu regardé une histoire qui met à mal son identité… Pourtant, les grandes puissances européennes se sont bâties sur l’exploitation des ressources naturelles et humaines des pays colonisés. Une histoire d’une extrême violence que Simon Moutaïrou choisit d’épingler à travers celle d’une traque, et une mise en scène nourrie d’aventures et d’échappées oniriques.
LES GRIGNOUX