La toute puissance d’une œuvre chorale qui nous invite à penser la psychiatrie et les pratiques de l’enfermement
Hiver 2012. Internée contre son gré dans un hôpital psychiatrique à Téhéran, Mitra Kadivar, psychanalyste iranienne, entame une correspondance par courriel avec Jacques-Alain Miller, fondateur de l’Association Mondiale de Psychanalyse. Été 2017. Une équipe artistique s’inspire de ces échanges pour créer un opéra en s’empreignant de la réalité de l’hôpital psychiatrique Montperrin à Aix-en-Provence.
Et le cinéma de Jorge León d’embrasser, de faire fusionner ces deux saisons.
Les échanges de mails seront lus par les protagonistes eux-mêmes. Des voix claires, magnifiquement posées qui cernent sans ambages ni pathos le calvaire subi par Mitra Kadivar. Celle-ci finit par apparaître sur l’écran. On est subjugué par son élégance, sa prestance qui nous fait songer aux héroïnes de la tragédie classique. Et son récit n’aura rien d’exotique. Il s’inscrit dans nos chairs grâce aux incursions dans le quotidien d’un hôpital psychiatrique avec le mouvement énigmatique de corps silencieux, les stratégies liées à la prise en charge et quelques interventions de patients extrêmement lucides sur l’isolement, la stigmatisation dans lesquels la maladie les confine.
Quant aux artistes chargés de la mise en scène et de l’intervention musicale, ils interviennent sur la pointe des pieds, avec une pudeur qui donne une incroyable résonnance tant au récit de Mitra qu’à la déambulation des patients aperçus au détour d’une incursion dans l’institution psychiatrique.
Les Grignoux
Lundi 25 mars à 18 h, avant la projection unique, une visite guidée de l’exposition « Inkxiety : dessiner quand l’angoisse est là » sera proposée par l’artiste Sophie de Patoul dans la galerie d’exposition du Caméo et au Caféo.
Entrée libre. Places disponibles en nombre limité. Réservations sur : inkxiety19@gmail.com