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affiche du film Troisièmes noces

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Troisièmes noces

  • Réalisé par
    David Lambert
  • Interprété par
    Bouli Lanners, Rachel Mwanza, Eric Kabongo, Virginie Hocq, Jean-Benoit Ugueux, Jean-Luc Couchard
  • Distributeur
    O brother
  • Langue
    français
  • Pays d'origine
    Belgique
  • Année
    2018
  • Durée
    1 h 40
  • Version
    Version française
  • Date de sortie
    2018-06-13

Bouli Lanners, immense dans une œuvre couverte de larmes, de dérisions colorées, de fulgurantes embardées pour la communauté des cœurs et des corps. Une très belle adaptation du roman de Tom Lanoye...

Le film ne tourne pas autour du pot des émotions. Le parterre figé d’un enterrement. Martin, d’une rondeur fantasque et magnifique (Bouli Lanners), en refusant l’assistance technique du micro, prend la parole. Le visage dévasté par les larmes, déterminé, il évoque son mari défunt. Il fait remarquer sans ambages que l’assistance est plus fournie pour les funérailles que pour leur mariage. En s’accrochant à un incroyable sursaut de dérision (salutaire vu les circonstances), il égratigne son compagnon, épingle avec humour ses travers (« en musique, il avait des goûts de chiotte ! »)

Mais tout cela n’est que mise en scène. Martin est anéanti, incapable de supporter le deuil de l’être aimé. Il devra opérer des choix existentiels. Disparaître ou réussir à racheter la maison où il a vécu des jours heureux avec son compagnon.

Mais la vie ne lui donne pas beaucoup le temps de réfléchir. Un de ses employeurs (Martin est chef décorateur), un cinéaste et pas peu fier de l’être, lui propose un mariage blanc avec une de ses conquêtes congolaises de 20 ans, Tamara. Un tel arrangement, moyennant une transaction financière, lui permettrait de rester dans le nid d’amour où il a pris ses habitudes.

Mais en acceptant cette proposition, il n’imagine pas à quel point sa vie risque d’être chamboulée !Il ne faut pas compter sur David Lambert pour nous mijoter le petit cirque rassurant du vivre ensemble, de l’apprivoisement mutuel. Martin vit péniblement son deuil. Le fantôme de son ami ne cesse de le hanter : silhouette dans l’embrasure d’une porte, reflet dans un miroir, présence « magique » dans une pick-up vintage… Quant à Tamara, elle n’est pas prête à oublier l’Afrique, ses frères et sœurs, et encore moins son amoureux bien décidé à la rejoindre.

Sans oublier les agents de l’office des étrangers dont la mission est de débusquer les mariages blancs. Et justement, Martin et Tamara ont décroché le gros lot ! Deux fonctionnaires zélés qui débarquent aux petites heures pour épier brosses à dents, état de la literie, aises et complicités charnelles entre les époux…

Le cinéma de David Lambert est de plus en plus ample et passionnant. Et il est impossible de passer à côté de cette composition inédite pour Bouli Lanners. Tout en revêtant quelques habits du mélodrame, il reste fidèle à son pas de deux burlesque et ne se prive pas pour lancer quelques saillies vachardes et lucides à l’adresse des représentants d’un État qui impose ses grilles d’analyse, contrôle, sanctionne, confère des légitimités en fonction d’une législation sans état d’âme. Tous les autres rôles ont été également écrits avec soin.

La prestation de Rachel Mwanza et Eric Kabongo est sobre, débarrassée des affres de la compassion et de l’exotisme. Le monde de l’administration est incarné par petites touches incisives qui ne s’engluent pas dans la caricature.

© Dany Habran — Les Grignoux

 

Le reportage de RTC Télé-Liège durant l'avant-première au Sauvenière 

 

Fiche PDF du film