Quand un vieux prof habitué aux dérapages racistes se retrouve contraint d’enseigner l’art de l’éloquence à une jeune femme franche et rebelle, ça donne une comédie fine et généreuse, portée par Camélia Jordana et Daniel Auteuil.
Film visible uniquement dans nos cinémas liégeois.
Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir avocate. Inscrite à la grande université parisienne d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier accepte de préparer Neïla au prestigieux concours d’éloquence. A la fois cynique et exigeant, Pierre pourrait devenir le mentor dont elle a besoin… Encore faut-il qu’ils parviennent tous les deux à dépasser leurs préjugés.
L’art des contraires qui se rapprochent sous le coup d’un événement forcé irrigue le cinéma français (Intouchables, Tour de France, etc.) presque autant que les photos de chats sur Facebook. Mais au-delà d’un procédé commun, la méthode est efficace dès lors qu’elle fait prendre conscience, par le rire le plus souvent, des travers et injustices d’un microcosme – ici l’université – qui vaut comme un miroir tendu à une société arc-boutée sur une méfiance de la jeunesse et un racisme qui se voudrait « subtil » (c’est ça, ouais).
En nous montrant un prof rabougri d’aigreur face à une jeune femme dégourdie, bien dans sa peau, porteuse d’avenir, Yvan Attal à l’idée, somme toute simple mais tellement bienvenue, de faire de Neïla une héroïne « ordinaire ». Il évite les monceaux de clichés grâce à une sincère générosité envers son personnage. Neïla Salah tient la dragée haute à ce vieux monde trop sûr de lui et de sa domination. Elle pourrait bien le prendre à son propre jeu par sa verve et sa vivacité.
Drôle et enlevé, Le brio est une comédie au verbe haut et fleuri, où l’art d’avoir toujours raison peut se transformer en capacité à reconnaître ses erreurs.