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Bande-annonce
affiche du film Cézanne

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Cézanne

  • Réalisé par
    Sophie Bruneau
  • Distributeur
    AlterEgo Films
  • Langue
    français
  • Pays d'origine
    Belgique
  • Année
    2021
  • Durée
    1 h 01
  • Version
    Version française
  • Type
    Documentaire
  • Date de sortie
    2021-12-02

Par un geste cinématographique aussi sobre qu’humain, Sophie Bruneau nous emmène dans l’atelier du peintre Cézanne, aux côtés des visiteurs arpentant ce lieu magique où dialoguent, joliment, le visible et l’invisible

Les visiteurs et visiteuses arrivent des quatre coins du monde dans l’atelier de Cézanne, sur les traces d’une révolution picturale qui a transformé l’art, le regard et la vie. Elle s’est déroulée ici, dans la solitude et le travail obstiné, au milieu des objets familiers, de la nature provençale et des murs gris bleu peints par le maître lui-même. Trois guides prennent soin du lieu, des êtres et des choses, de la mémoire qui brasse l’air et le silence d’hiver. Petites conversations sur la beauté, présences visibles et invisibles, vanités au goût de pomme. L’arrière-saison est propice aux rencontres et à la transmission joyeuse.

Faire un documentaire sur un peintre aussi célèbre que Cézanne est une mission délicate, car elle demande a priori d’être inventif, c’est-à-dire d’aborder le sujet de biais, pour ne pas raconter didactiquement et pour la millième fois « la vie et l’œuvre » d’un peintre célèbre. Que faire donc de neuf et de différent ? Proposer un film comme celui-ci, qui sublime l’anecdotique et enchante la beauté des choses simples, avec cette délicatesse dans le regard posé qui fait de tout anonyme traversant le cadre un être humain qui existe. On rentre ainsi dans le film de Sophie Bruneau comme les visiteurs de l’atelier de Cézanne, avec le sentiment d’être accueillis de façon privilégiée, en ayant la certitude d’être à la même hauteur que les protagonistes. Sans doute parce que cela se passe dans de chaleureuses petites pièces. Certainement pour une question de cadrage qui place les visiteurs du musée proches de nous, voire tout contre nous, grâce à cette lumière naturelle qui se pose délicatement dans l’espace et recouvre petit à petit les objets et les humains de son voile apaisant.

Une magie particulière se dégage de l’esthétique de ces plans fixes dont l’exposition longue (comme si l’on parlait de photographie) renforce le rythme agréablement lent du film, synchrone avec celui adopté par les visiteurs. Le film fait de l’instant présent une valeur essentielle propice à la rêverie et à des interrogations, discrètes : sur la trace que les choses laissent sur terre, sur le pouvoir attirant que peut dégager progressivement un simple rayon de soleil matinal ou une pomme posée sur une table. Ce travail sur le temps révèle le pouvoir que produit, bien involontairement, tout un chacun déambulant dans le périmètre d’une pièce, en lui redonnant vie par le simple fait de l’occuper et donc de dialoguer avec elle. Plaçant sa caméra à la hauteur des objets collectionnés et ayant inspiré Cézanne qui décorent la maison, Sophie Bruneau donne beaucoup d’importance au hors champ, à ce qui rentre et sort du cadre.

Le film est en somme un dialogue permanent entre le mouvement (de la vie, du montage) et la fixité (des objets, du cadrage), entre ce qui a été et ce qui sera. Le plus bel exemple est ce plan fixe remarquablement filmé (c’est la photographe Marie-Françoise Plissart qui assure l’image et qui avait coréalisé Kinshasa Beta Mbonda avec Sophie Bruneau) de la montagne Sainte-Victoire, sujet de près de quatre-vingt toiles de Cézanne. On voit et ressent le passage du temps par l’intermédiaire de ce nuage épais qui enveloppe sensuellement la montagne pour s’en retirer progressivement. Telle est la destinée de ces subtils changements de la nature qui la poétisent et la rendent si fascinante, aux yeux de peintres comme Cézanne et de simples spectateurs-visiteurs comme nous.

 

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film