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affiche du film The House That Jack Built

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The House That Jack Built

  • Réalisé par
    Lars von Trier
  • Interprété par
    Matt Dillon, Bruno Ganz, Uma Thurman, Riley Keough
  • Distributeur
  • Langue
    anglais
  • Pays d'origine
    Danemark/France/Suède/Allemagne
  • Année
    2018
  • Durée
    2h35
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2018-10-17

L’itinéraire d’un tueur en série ou le grand retour de Lars von Trier. Adulé par certains, dénigré par d’autres, le cinéaste cultive son art de la provocation

En 2011, Lars von Trier créait une forte polémique à Cannes en évoquant son admiration pour l’esthétique nazie en général, et l’architecte et ministre d’Hitler, Albert Speer, en particulier. Sept ans plus tard, il revient avec cette histoire alambiquée sur le parcours d’un serial killer, Jack, dont on ne saisit pas très bien s’il s’agit d’une manière pour le cinéaste d’excuser ou de justifier ses anciens propos…

Une chose est sûre, c’est que le film ne fera pas l’unanimité, d’une part pour ses scènes d’une violence rare, de l’autre pour son discours métaphysique sur la potentielle beauté du mal. Car Jack, le tueur, interprété par un Matt Dillon livide qui fout vraiment les jetons, a pensé chacun de ses meurtres comme la partie d’une œuvre totale qu’il prend le temps, tel un Michel-Ange de l’abjection, de soigner jusqu’à la perfection.

Le film se déroule au fil d’un dialogue que Jack entretient avec un autre personnage dont nous n’entendons que la voix. Au début, nous supposons qu’il s’agit d’un psychiatre qui tenterait de comprendre les motifs tordus du tueur après son arrestation. Mais plus le film avance, plus il devient évident que cette voix appartient à une entité autre, nommée Verge, et que cette conversation se situe en dehors du réel, dans un abîme indiscernable entre la terre ferme et l’enfer.

Au fil du récit, Jack revient sur sa pratique, ses meurtres-phares dont nous ne serons pas épargnés, et ses considérations sur le rapport entre l’art et la violence que la voix de Verge vient heureusement contrecarrer.

Comme dans Nymphomaniac, Lars von Trier insère dans le film toute une série d’images hétérogènes venant ponctuer son discours, lui permettant de quitter l’espace-temps de l’histoire pour digresser vers autre chose. Le réalisateur ose même l’autocitation, amenant son personnage à dire que la fiction est la zone où se déchargent toutes les pulsions transgressives des artistes, tandis qu’à l’écran apparaissent des images de ses propres films… La démarche peut prêter à sourire, quoique, parfois, avec un soupçon de malaise.

Si à certains égards, il ne fait aucun doute que Lars von Trier est un grand cinéaste qui trouve ici une forme d’accomplissement dans son œuvre, nous restons sceptiques quant à son équilibre moral, son discours et son ambition à la limite du hors jeu.

Alicia Del Puppo, les Grignoux

Fiche PDF du film