Pas de séances programmées pour ce film dans nos salles pour l'instant.
Un jeune chef japonais part à la recherche de ses origines, tant culinaires que familiales, à Singapour. Quand nos papilles œuvrent aux réconciliations…
D’Eric Khoo, réalisateur, certains se souviennent peut-être de Be With Me ou My Magic, seules productions de sa filmographie pointue à être parvenues jusqu’aux confins de notre Belgique francophone. Ramen Shop est sans conteste son film le plus accessible, un peu à la manière des Délices de Tokyo de Naomi Kawase, et l’on ne peut que s’en réjouir.
Soit Masato, jeune homme dans la trentaine qui travaille dans le restaurant de ramen de son père. Les ramen, ce sont ces nouilles d’origine chinoise dont les Japonais ont fait un plat à la fois simple et raffiné, généralement en soupe. Ce père, lui-même chef reconnu, est un homme assez sombre et taiseux. À la mort de sa femme, quand Masato n’était encore qu’un gamin, il l’a élevé seul tout en tenant son troquet réputé. De sa mère, Masato garde quelques souvenirs, notamment de lieux singapouriens où il passa avec ses parents les premières années de sa vie – sa mère en étant originaire.
Un beau matin, son père meurt brutalement. Et Masato, à la faveur d’une vieille photo retrouvée qui le plonge dans un passé aux contours flous, réalise qu’il ne connaît rien de ses racines…
C’est le début d’un périple singapourien où la recherche de son histoire familiale se double d’une quête de saveurs enfouies, à la manière d’une madeleine proustienne. Masato veut tout goûter, tout tenter. Depuis longtemps déjà, il teste chez lui, en secret, diverses recettes de soupe pour trouver celle qui serait parfaite à ses yeux.
S’il est très bien accueilli par une bloggeuse culinaire avec laquelle il s’est lié d’amitié, c’est une autre paire de manches pour retrouver les membres de sa famille, en particulier cet oncle dont il se rappelle vaguement qu’il était lui-même cuisinier…
Et cet éloignement si long, ce déracinement dont il a eu à peine conscience, d’où vient-il ? Que recèle-t-il de non-dits, de secrets, voire de rancœurs ?
Ramen Shop joue des saveurs avec un élégant dosage : les émotions sont doublées de découvertes culinaires qui allègent tout épanchement, mais qui relèvent aussi ces petits moments de découvertes d’une autre culture. Le jeune homme, dans son enthousiasme et sa fougue, commettra quelques impairs, mais pourra bien aussi retrouver le goût de son enfance et un certain apaisement…
Tendre fable sur les blessures salées de l’histoire, ce Ramen Shop est une ode à la découverte, au mélange et à la fusion (pas uniquement culinaire) au charme délicat.
Catherine Lemaire, Les Grignoux
