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affiche du film Un petit frère

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Un petit frère

  • Titre original
    Mother And Son
  • Réalisé par
    Léonor Serraille
  • Interprété par
    Stéphane Bak, Ahmed Sylla, Annabelle Lengronne, Kenzo Sambin, Milan Doucansi, Sidy Fofana
  • Distributeur
    Cherry Pickers
  • Langue
    Français
  • Pays d'origine
    BE
  • Année
    2023
  • Durée
    01 h 56
  • Version
    Version française
  • Date de sortie
    2023-02-01

La réalisatrice de Jeune femme, Caméra d’Or à Cannes en 2017, signe une fresque intimiste sur une famille ivoirienne débarquée en France à la fin des années 1980. L’histoire d’une mère et ses deux fils, le récit d’une intégration, et ce que le temps – qui passe, inlassablement – fait à nos existences. Il y a tout ça dans Un petit frère, et ça procure une pure émotion de cinéma

Pour son deuxième long métrage, Léonor Serraille, réalisatrice française, s’est inspirée librement de l’histoire de son compagnon et de sa mère. Cette « matière romanesque », elle la connaît donc elle aussi intimement. Et, à vrai dire, ça ne nous étonne que très peu car jamais nous n’avions vu, ou très rarement, une famille franco-africaine filmée avec autant de densité, de complexité, de sensibilité aussi. Comme l’a fait à sa manière Alice Diop avec Saint Omer – en contant l’histoire d’une femme noire hors de toutes mythologies réductrices –, Léonor Serraille nous console d’une histoire manquante dans le cinéma français. Celle d’une intégration modeste et réussie, de celles qui ne font pas de remous, qui se dessinent discrètement dans les interstices invisibles d’une société qui ne retient généralement de ces récits que les coups d’éclat ou les échecs cuisants.

Léonor Serraille fait au contraire de ses personnages des héros ordinaires, qui ne se distinguent ni par leur réussite, ni par leur débâcle, mais dont le destin n’en est pas moins remarquable. Immigrer sur un autre continent, y trouver ses marques, batailler pour offrir une belle vie à ses enfants, grandir dans une culture qui ne nous reconnaît pas, nous renvoie sans cesse à la marge, balader avec soi un profond sentiment d’étrangeté qui empêche de consolider son identité, voilà toutes les questions qui traversent le film et l’histoire de cette famille à qui la narration rend toute sa singularité et la mise en scène son souffle romanesque.

La réalisatrice découpe son scénario en trois parties, chacune s’attardant sur l’un des personnages – Rose et ses deux fils, Jean et Ernest – à différentes époques, des années 1980 à aujourd’hui, laissant entrevoir de manière diffuse mais bien présente l’évolution des politiques françaises et des mentalités en matière d’immigration, et comment celles-ci influent invariablement sur la trajectoire, l'intimité des personnages. On s’attache à eux comme à des héros d’une saga familiale, remplissant les creux laissés par les ellipses, devinant les coups durs et les petites victoires. Même s’ils représentent une catégorie sociale type, jamais le récit ne les enferme dans quelque chose de figé. Rose est une femme surprenante, audacieuse et romantique qui suit son intuition et refuse toute convention. Étant elle-même et sans concession, elle fait trembler nos préjugés. Et que peut-on demander de mieux au cinéma que de nous faire légèrement vaciller ?

ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux

Fiche PDF du film