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affiche du film Retour à Séoul

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Retour à Séoul

  • Réalisé par
    Davy Chou
  • Interprété par
    Ji-Min Park
  • Distributeur
    Imagine
  • Langue
    Français et Coréen
  • Pays d'origine
    BE, DE, QA, KH, FR
  • Année
    2023
  • Durée
    01 h 59
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Date de sortie
    2023-02-08

Sur la thématique universelle de la quête de ses origines, ce film coréen co-produit par les Liégeois de Frakas Productions, sensible et aux beaux partis pris esthétiques, dresse le portrait d’une jeune femme en plein tiraillement identitaire et qui veut donner du sens à sa vie

Sur un coup de tête, Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues... Dans la tradition d’un cinéma asiatique d’auteur, mélancolique et visuellement gracieux, incarné par Wong Kar-wai dans les années nonante, Davy Chou capte ces sentiments enfouis au plus profond de l’âme de personnages inscrits dans un contexte urbain très prégnant. Il évoque tant une forme de quête intérieure que l’humeur d’un pays tributaire du poids de son passé (la question des adoptions est un des marqueurs de l’histoire de la Corée du Sud). Toute cette dimension existentielle et finalement politique se matérialise magnifiquement dans la trajectoire, précise et décidée, de Freddie, cette jeune femme en plein tiraillement identitaire qui va voyager dans son pays d’origine qu’elle ne connaît pas, à la recherche de sa famille biologique. Comme tout être adopté, c’est une double recherche à laquelle est confrontée Freddie, celle des autres et d’elle-même. Tout sera question d’équilibre et de reconfiguration d’identité, surtout d’un nouveau rapport au monde si nécessaire pour l’équilibre mental. La justesse du réalisateur se trouve dans sa capacité à raconter ce cheminement intime sans plonger aveuglément dans le psychologique et le larmoyant (le sujet en détenait pourtant tous les pièges possibles), aussi en montrant que tout ne tient qu’à un fil, que rien n’est définitivement résolu mais que son personnage ne perd jamais pied et reste fort. C’est avec tendresse et retenue qu’il révèle la complexité d’une situation, filme cet être humain qui puise dans ses rencontres et découvertes la matière à se repenser, sereinement mais patiemment. On pense plus particulièrement à son rapport complexe avec son père biologique et à leur difficulté à communiquer, à se comprendre.

Retour à Séoul est une chronique de la vie quotidienne réaliste, située loin des standards dramaturgiques et de leur propension à tout régler à coups de baguettes magiques (le récit se déroule sur près de dix ans). Pour prendre l’exemple d’une scène révélatrice de sa démarche, le réalisateur choisit de prendre le temps d’observer des visages autour d’une table dans un snack, de laisser progresser l’action sans artifice, d’étirer le temps, de rendre magique la simplicité d’un moment d’échanges. Mine de rien, par la grâce d’un beau dispositif de mise en scène, cette séquence raconte quelque chose de vivant inscrit dans le temps présent, et donne du relief là où l’on ne s’y attend pas nécessairement. C’est toujours miraculeux quand le cinéma arrive à rendre des instants de vie communs si captivants et riches, quand le geste est simple et l’émotion pure.

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film