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affiche du film EO

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EO

  • Réalisé par
    Jerzy Skolimowski
  • Interprété par
    Sandra Drzymalska, Tomasz Organek, Maleusz Kosciukiewicz
  • Distributeur
    The Searchers
  • Langue
    polonais
  • Pays d'origine
    Pologne/Italie
  • Année
    2022
  • Durée
    1 h 29
  • Version
    Version originale sous-titrée en français
  • Type
    Drame
  • Date de sortie
    2022-11-23
  • Récompenses

    Prix du Jury au Festival de Cannes 2022

Prix du Jury à Cannes, cette expérience de cinéma pure pose un regard sans concession sur l’humanité, observée à travers les yeux d’un âne balloté d’un propriétaire à l’autre. C’est aussi un road movie poétique et immersif, d’une beauté et d’une tristesse à couper le souffle, très clairement l’un des films les plus émouvants de l’année

Le monde est un lieu mystérieux, surtout vu à travers les yeux d'un animal. Sur son chemin, EO, un âne gris aux yeux mélancoliques, rencontre des gens bien et d'autres mauvais, fait l'expérience de la joie et de la peine, mais jamais, à aucun instant, il ne perd son innocence… À Cannes, en mai dernier, c’était l’ovni de la compétition, le film qui ne ressemblait à aucun autre et qui nous rappelait à quel point (et avec bonheur) le cinéma pouvait encore assumer sa dimension artisanale, basée sur un langage simple et ludique qui redonne à l’image, au son et au montage toute leur puissance originelle.

EO est l’œuvre de Jerzy Skolimowski (Deep End, Le Départ), cinéaste polonais de 84 ans issu de la fameuse école de Lotz dans les années soixante, qui s’inspire d’un classique de Robert Bresson, Au hasard Balthazar. Il s’en démarque en optant pour un geste formel plus radical et un ton plus amer encore, ce qui est assez sidérant en soi vu le niveau du film français. Pour au moins deux raisons, EO a toutes les cartes en main pour fédérer le plus grand nombre. D’abord, il parle de nous et de notre rapport ancestral et complexe aux animaux, ce qui est tout de suite pertinent vu les débats actuels sur l’alimentation et le respect de la dignité animale. Puis, c’est un film au rythme endiablé et d’une imparable fluidité qui épouse les battements de cœur saccadés d’un animal mystérieux, le seul héros du film, et pour lequel il est impossible de ne pas éprouver d’empathie, surtout que l’on épouse sa vision subjective en permanence.

Le réalisateur filme avec beaucoup de lyrisme ce road movie où rares (mais quand même) sont les êtres humains sensibles à la présence et à la souffrance d’un animal qui n’avait rien demandé à personne. C’est une symphonie aux sonorités multiples, absurdes, belles et violentes dans une même partition, qui dépasse le regard lénifiant et purement naturaliste. Elle transcende la réalité et l’emmène aux portes de l’enfer avec, et c’est le plus émouvant, une place tout de même laissée à la simple beauté des choses. EO est jusqu’au-boutiste, sans compromis, pensé pour le grand écran vu le soin apporté à son esthétique et à sa dimension sensorielle (pensons notamment au travail sonore, mélange de musique concrète et de souffles animaliers). C’est tout bonnement l’une des expériences de cinéma les plus étonnantes de l’année et elle vaut bien toutes celles vécues avec des lunettes 3D sur le nez. Vive les ânes !

NICOLAS BRUYELLE, les Grignoux

Fiche PDF du film