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Des travailleur·euse·s en séjour irrégulier passent un casting pour participer à un film sur le travail au noir. À travers ces mises en situation, ce documentaire brosse leur portrait collectif sans concession
Nous assistons à plusieurs auditions de personnes expliquant leurs motivations quant à vouloir participer à ce documentaire. Très vite, elles nous livrent leur vie (l’exil, la séparation avec la famille restée au pays, la précarité dans le pays d’accueil…). Certaines sont arrivées depuis peu, d’autres sont installées en Belgique depuis des années. Toutes sont venues pour obtenir une vie meilleure… Malheureusement, sans papier ni permis de séjour, elles vivent dans l’angoisse permanente d’être placées dans un centre fermé ou d’être rapatriées.
En attendant la régularisation de leur situation, il faut bien vivre, se loger, se nourrir. Toutes travaillent, principalement dans les métiers de l’aide-ménagère, de l’HoReCa ou du bâtiment, mais sans être déclarées, alors qu’il s’agit pourtant de métiers en pénurie en Belgique. Leurs conditions de travail sont risquées, car il n’y a ni contrat, ni assurance santé (donc pas de cotisations sociales ni de sécurité sociale), et elles se retrouvent à la merci des « employeurs », exploitées en toute impunité !
Le film nous apprend cependant qu’une exception existe : un seul syndicat belge accepte l’affiliation de personnes sans papier sur base du fait qu’elles sont travailleuses et peut donc les défendre. Un début de solution ?
Ce documentaire donne ainsi la parole à ces travailleuses et travailleurs sans contrat, qui en profitent pour dénoncer l’exploitation des entreprises, la pression et le stress continu qu’elles et ils vivent au quotidien, ainsi que leurs souhaits de changements et d’améliorations. En libérant la parole à visage découvert (ce qui les met en danger), toutes et tous aspirent à ce que les citoyen·ne·s et les politiques puissent les entendre et les soutenir dans leurs causes.
Après l’éprouvante grève de la faim à l’Église du Béguinage à Bruxelles, ce documentaire insiste lui aussi sur l’urgence pour le gouvernement belge d’apporter des solutions à la question de la régularisation des personnes sans papier et de faire face à ses responsabilités. Car derrière chaque situation dite « illégale », ce sont des vies humaines qui prennent, encore, des risques pour vivre dignement. Travailler dans le noir est un documentaire essentiel pour mieux comprendre les droits et la situation des travailleurs et travailleuses sans papier.
BÉRENGÈRE SOMMARUGA, les Grignoux
