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Avec douceur et délicatesse, la réalisatrice Alice Winocour (Proxima, Maryland) filme la ville de Paris en pleine résilience post-attentat. Un film grave et sensible, sublimé par l’actrice Virginie Efira
À Paris, Mia est témoin d’un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide d’enquêter dans sa mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible…
Il aura fallu sept ans avant que l’on découvre ce type de films intimes traitant des attentats de Paris de 2015 par une réalisatrice les ayant vécus de près. Sept années, le temps d’une digestion, lente. Le temps de recouvrer ses esprits, de se réapproprier une histoire commune traumatique et de la transcender pour raconter quelque chose d’une époque ancrée pour toujours dans l’imaginaire de ses contemporains.
Ce trajet vers la résilience, l’acceptation de l’impensable, vers – déjà – un certain « monde d’après » où l’éventualité d’une guerre devient une donnée tangible avec laquelle il faut vivre, et malgré laquelle il faut aussi trouver la possibilité d’être heureux, est exactement le trajet que Mia fait à travers le film. La conclusion qu’en tire la réalisatrice est d’une beauté renversante. Car c’est en créant du lien que Mia va se reconstruire, en retournant sur les lieux, en rencontrant les personnes qui y étaient en même temps qu’elle, et surtout en tentant de retrouver l’homme qui lui a fermement tenu la main après l’attaque, en attendant que les secours arrivent. Cet homme, immigré clandestin, travaillait illégalement dans les cuisines de la brasserie où Mia s’est réfugiée après le drame. Et, parce que cet instant était d’une intensité rare, presque indicible, elle part à sa recherche. Le Paris qu’elle découvre alors lui était jusque-là invisible. C’est le Paris souterrain des travailleurs sans-papiers, des immeubles insalubres de la périphérie, des vendeurs à la sauvette… Un Paris qu’elle ne connaît pas, qu’elle n’a jamais été amenée à rencontrer, alors même qu'elle le côtoie.Ce que raconte Revoir Paris en filigrane, c’est cette beauté inattendue qui peut surgir des tragédies, cet éclat d’humanité qui résiste aux ténèbres de notre époque, prenant la forme d’une main tendue, d’un regard compatissant ou d’une amitié naissante. Virginie Efira – dont le talent n’est plus à préciser – sublime par sa présence, forte et chargée d’émotions contenues, cette chronique d’une ville endeuillée, traumatisée, et tâtonnant fébrilement pour regagner son élan vital.
ALICIA DEL PUPPO, les Grignoux
