Après deux courts métrages remarqués (One, La Faveur des moineaux), le cinéaste belge Serge Mirzabekiantz propose un premier long métrage de fiction qui interroge la question de la parentalité
Nikolaï, jeune adolescent de 16 ans, vit entre le foyer et des familles d’accueil. Réservé, solitaire et hanté par les origines de son abandon, il rêve de fonder une famille. Quand Camille, 15 ans, intrigante et effrontée, débarque dans son foyer, Nikolaï la convainc de partir avec lui.
Les premières scènes du film qui nous exposent les personnages sont plutôt abruptes et déroutantes, puis, comme on les voit s’apprivoiser et faire cause commune pour parvenir à s’échapper, notre empathie envers eux et leur quête s’agrandit. Ces deux jeunes-là ne sont pas naïfs, ils ont déjà vécu des expériences dures, violentes et décevantes. Malgré ces blessures, ils conservent en eux l’envie et la rage de vivre heureux, et ne voient pas pourquoi ils n’y auraient pas droit, eux aussi. Le besoin de s’émanciper du carcan des adultes (censés les protéger mais défaillants dans leur mission) et de faire leurs propres choix devient vital. Ils vivront donc comme ils l’entendent et s’enfuient du foyer pour rejoindre la forêt. Là, ils s’installent dans cet abri qu’est la nature, qui cache et qui protège à la fois. La forêt devient alors un personnage à part entière du film. Elle est à la fois familière, énigmatique et sereine. L’ambiance y est onirique, mystérieuse…
Nikolaï et Camille, dans cette quête initiatique, retrouvent confiance en eux et en l’autre. Mais cette fuite était-elle la meilleure solution ? Le Cœur noir des forêts propose un univers ainsi qu'un traitement visuel et sonore singuliers. C’est un film à la fois noir et romanesque, abordant avec beaucoup de justesse le rôle et l’importance d’une famille.