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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré à
Kirikou et la sorcière
de Michel Ocelot
France, Belgique, 1998, 1 h 10

Le dossier pédagogique dont on trouvera un court extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du début du primaire qui verront le film Kirikou et la sorcière avec leurs élèves (entre six et neuf ans ans environ). Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.

Kirikou et la sorcière, un conte africain

Kirikou et la sorcière est un conte qui s'inscrit dans la tradition orale de l'Afrique de l'Ouest. Les thèmes qui y sont abordés sont typiquement ceux de cette région. Le réalisateur, Michel Ocelot, tenait beaucoup à ce que son film reste authentique. Il explique d'ailleurs certains choix du scénario par la tradition africaine : «Cette histoire d'enfant qui parle dans le ventre de sa mère n'existe pas en Europe. Mais on la retrouve dans plusieurs contes africains. Le conte d'Afrique m'a apporté le rapport sain avec le corps, la simplicité de la naissance. Dans mon éducation d'Occidental, on ne disait pas comment naissent les bébés (...) Là-bas, on parlait de ces choses-là simplement, naturellement, sainement».

D'autre part, Michel Ocelot a dû lutter pour imposer des voix africaines (les producteurs voulaient des doubleurs français) : «Kirikou a été doublé à Dakar par un petit mec de 9 ans, et son grand-père par un vieil Africain de 70 ans». On a également voulu lui faire rhabiller tous les corps nus de peur que le film ne s'exporte pas aux États-Unis, mais il a tenu bon: «C'était une nécessité absolue pour l'histoire, pour sa beauté, sa véracité. Par respect pour les Africains qui nous apprennent à ne pas avoir peur de notre corps.»

Il nous semble dès lors essentiel de nous arrêter sur l'ancrage africain du film.

En ce qui concerne le village de Kirikou, on peut se référer au cadre de vie des Sénoufos, civilisation paysanne dont le territoire correspond aujourd'hui principalement à la Côte d'Ivoire. Les deux entités essentielles de la société Sénoufo sont la famille et le village:

  • La famille est à prendre au sens large, elle réunit plusieurs foyers et des célibataires, tous de même ascendance. Ils vivent et travaillent ensemble sous la tutelle d'un ancien.
  • Le village est sous l'autorité d'un chef qui gère les affaires communes et veille aux respects des traditions.

Comme dans toutes les sociétés africaines traditionnelles, les rites d'initiation rythment la vie des Sénoufos; tout homme Sénoufo pour être reconnu comme tel doit être initié. Ces rites de passage se déroulent entre dix et trente ans, en trois phases de sept ans chacune. L'initiation comporte des enseignements, des retraites en forêt pour aguerrir le courage, des épreuves à l'issue desquelles on apprend progressivement les différents rites, des récits sur l'histoire du groupe et la découverte des principaux gestes symboliques.

Dans ces cérémonies, masques, instruments et statues ont une grande importance. L'art Sénoufo est riche de ces objets de culte et les fétiches du film ne sont pas sans rappeler les statues de l'art nègre. Sous bien des aspects, Kirikou et la sorcière peut être considéré comme un conte initiatique. L'histoire de ce tout petit garçon qui subit moult épreuves pour finalement, d'un baiser, devenir un homme est en elle-même initiatique mais on peut relever d'autres éléments plus formels qui concourent à cette interprétation. Nous en avons relevé quelques-uns qui sont l'objet d'une interprétation approfondie dans le Dictionnaire des Symboles (Collection Bouquins, éditions Laffont, 1982).

  • La termitière (qui, dans le film, abrite le sage grand-père de Kirikou) a une valeur très symbolique dans certaines sociétés d'Afrique de l'Ouest proches des Sénoufos. Elle est un symbole de puissance solitaire et mystérieuse et ceux qui ont atteint le plus haut degré de perfection spirituelle accessible à l'homme, sont appelés «ceux de derrière la termitière».
  • Le tunnel creusé par Kirikou pour rejoindre son grand-père a une valeur symbolique très claire: il est une voie de passage que l'on retrouve dans tous les rites d'initiation, un accès à la lumière, c'est le chemin de la vie qui, souvent, traverse une montagne sacrée.
  • Le Grand Calao des savanes dont on retrouve fréquemment le thème dans l'art Sénoufo. Son image bénéfique intervient dans la préparation initiatique de l'individu. On le retrouve, dans le film, à l'entrée de la termitière: haie d'honneur de Calaos qui introduisent Kirikou auprès de son grand-père.

A. L'Afrique et nous

Objectif

  • Comparer l'Afrique de Kirikou avec le mode de vie de «chez nous», apprendre à repérer les différences, à relativiser son propre point de vue.

Méthode

  • Recherche comparée.

Déroulement

Nous proposons une comparaison entre l'Afrique qui nous est donnée à connaître par le film et notre vie en Europe occidentale et peut-être plus particulièrement dans notre région. Pour cela nous suggérons de travailler à l'aide de la grille d'analyse ci-dessous (laquelle n'est pas exhaustive et peut-être complétée). La recherche peut se faire individuellement dans un premier temps mais nous privilégions cependant un travail collectif.

Lorsque le tableau est rempli, demandons aux élèves de se prononcer sur:

  • ce qu'ils trouvent bien,
  • ce qu'ils trouvent moins bien.

On peut également leur demander s'ils préfèrent globalement l'un ou l'autre mode de vie.

B. L'Afrique dans ses diversités

Objectif

  • Ouvrir l'esprit, éveiller la curiosité, apprendre à se documenter.

Méthode

  • Collecte et organisation de documents.

Déroulement

Il nous semble important de savoir que l'Afrique ne se limite pas à cette image mythique et stylisée du continent noir, à cette image d'Epinal qui pourrait être sortie de l'imagination du Douanier Rousseau. L'activité qui suit a pour objet d'élargir le regard des enfants et de les initier à une méthode de recherche.

Demandons aux élèves de récolter et d'apporter à l'école tous les types de documents possibles sur l'Afrique2 (musique, livres, journaux, magazines, catalogues de vacances, encyclopédie, contes, ...).

À cet effet, nous avons réalisé une petite bibliographie sur l'Afrique et ses traditions. La plupart des ouvrages repris sont disponibles dans des bibliothèques enfantines et donc accessibles aux enfants.

Tous ces documents vont permettre aux enfants de se faire une image beaucoup plus diversifiée et dès lors plus proche de la réalité. Ils pourront reprendre la grille d'analyse de l'activité précédente et affiner les réponses.

Dans ce cadre, une recherche plus fouillée peut être faite par exemple sur la faune du film. Tous les animaux qui figurent dans le film sont-ils réels et vivent-ils tous sur le continent africain?

Quelques animaux répertoriés dans le film:

  • On voit passer à plusieurs reprises dans le village de Kirikou quelques poules apeurées dont on entend les cris. Ce sont en fait des pintades, oiseaux de la famille des gallinacés, originaires d'Afrique mais acclimatés dans le monde entier. On les élève pour leur chair (cf. Le petit Larousse).
  • Les petits écureuils qui aident Kirikou sont en fait des rats palmistes (ou xerus), renseignés dans Le Petit Larousse comme des rongeurs d'Afrique, voisins de l'écureuil.
  • L'oiseau qui se bat avec Kirikou est un oiseau qu'on trouve en Afrique comme en Asie, la huppe.
  • L'espèce de sanglier que Kirikou chevauche pour arriver à la montagne est en réalité un phacochère, cousin africain du sanglier, on le trouve beaucoup dans les savanes.
  • Les grands oiseaux qui accueillent Kirikou dans la termitière sont des calaos, oiseaux des forêts tropicales d'Asie méridionale et d'Afrique, caractérisés par un énorme bec surmonté d'un casque.
  • Le serpent de la sorcière qui poursuit Kirikou dans le tunnel est de l'espèce des vipères. C'est un serpent venimeux très fréquent en Europe, en Asie et en Afrique.
  • L'animal nauséabond que Kirikou rencontre dans le tunnel est un putois, de la famille des mustélidés comme la belette ou l'hermine.

On peut constater que le réalisateur a «utilisé» des animaux d'Afrique. Ajoutons que, contrairement à de multiples dessins animés qui mettent en scène des animaux «bavards», ceux de Kirikou ne sont pas du tout humanisés et ils ne parlent pas, ce qui ajoute sans doute à l'authenticité du film.

Beaucoup d'autres recherches peuvent être menées, même avec de jeunes enfants, sur l'Afrique, ses populations, ses modes de vie, ses traditions, sa géographie qui pourront utilement compléter la vision donnée dans Kirikou et la sorcière. Une fois ces recherches faites, les enfants disposeront d'une banque de données, qui permettra de réaliser un petit ouvrage reprenant toutes les informations qu'ils auront trouvées. À ce stade de l'animation, ils peuvent également se faire une idée plus précise de la tribu qui a servi de référence au réalisateur pour le village de Kirikou.


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