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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au film
Salut cousin !
de Merzak Allouache
France / Algérie, 1996

Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse aux enseignants du secondaire qui verront le film Salut cousin ! avec leurs élèves (entre treize et dix-huit ans ans environ) ainsi quéaux animateurs intéressés par les thèmes de ce film. Il contient plusieurs animations qui pourront être rapidement mises en œuvre en classe après la vision du film.

Alilo, un parcours initiatique

À Alger, Alilo aurait eu un destin tout tracé: apprentissage du métier de commerçant avec son patron, mariage avec sa fiancée «branchée rien qu'avec les yeux». Pourtant, à la fin du film, il choisit de remettre à plus tard son retour à Alger et semble suffisamment séduit par la société française pour envisager peut-être de rester à Paris. Invitons les élèves à étudier le parcours d'Alilo, un parcours initiatique, un apprentissage susceptible de le faire changer de destin.

Objectif

  • Déterminer le sens du parcours d'Alilo à Paris

Méthode

  • Relever les scènes du film où Alilo fait un apprentissage
  • La classe étant divisée en groupes, analyser systématiquement ces scènes en répondant à quelques questions données
  • Mettre en commun le résultat de cette réflexion

Déroulement

Invitons les élèves à relever dans le découpage fourni en annexe, les scènes où Alilo vit une expérience particulière, où il découvre un aspect de la vie parisienne. (Pour les aider, on peut leur fournir les indices suivants: bananes, peep-show, skinhead, perruque, carte de téléphone, Algérie, préservatifs, Rolex, le chagrin de Fatoumata, la MoskovaŠ)

Organisons ensuite la classe en petits groupes de deux ou trois élèves. Chacun des groupes s'attache à l'un de ces passages du film. Invitons chaque groupe à analyser l'anecdote choisie en répondant à ces questions:

  • en quoi peut-on dire qu'Alilo est naïf avant cette expérience?
  • qu'a-t-il appris à travers cette expérience?
  • trouvez une formule qui illustre bien la «leçon», la «morale» de cette expérience.

Laissons aux groupes dix à quinze minutes pour répondre à ces questions puis invitons chacun d'entre eux à faire part aux autres de sa réflexion, en rappelant à quel passage du film il s'est attaché, en définissant l'apprentissage qu'Alilo y fait et en l'illustrant par une formule.

Quand chaque groupe a fait ce petit rapport, voyons ensemble si l'on peut regrouper en quelques thèmes les apprentissages que fait Alilo. Peut-être certaines formules trouvées par les élèves pour illustrer une anecdote s'appliquent-elles bien à d'autres passages du film? Dans ce cas, on pourra généraliser en quelques mots les «découvertes» qu'Alilo fait à Paris.

Commentaire

De nombreux passages du film que les élèves auront pu relever donnent à Alilo l'occasion de prendre une leçon. Il apprendra par exemple à se méfier des apparences parfois trompeuses, le mensonge étant une pratique courante, parfois anodine, parfois significative. Il apprendra aussi le prix des choses et surtout de tout ce qui semble gratuit: le plaisir, la liberté. Par exemple, l'anecdote du peep-show illustre bien ce concept du plaisir à portée de la main mais pour lequel il faut payer. D'une manière beaucoup moins triviale, le chagrin de Fatoumata après avoir été abandonnée par son amoureux est aussi exemplaire de cette conception des relations amoureuses: faciles à nouer mais aussi très faciles à défaire. Ainsi, cette liberté des contacts (remarquable pour Alilo qui n'a jamais parlé à sa fiancée à Alger) se double immanquablement d'une prise de risques: risque d'être abandonné, risque d'être trompé, risque de souffrir.

De la même façon, le quartier multiculturel où vit Mok donne la chance de rencontres entre des cultures différentes et d'enrichissement mutuel mais présente aussi le risque d'affrontements et d'agressions racistes, comme Fatoumata en fait l'expérience. Ce quartier de la Moskova peut être présenté comme un quartier d'avenir avec son grand mélange de populations d'origines différentes. Il se révèle pourtant condamné, pas assez riche pour survivre, destiné à être rasé bientôt pour faire de la place à des immeubles plus rentables.

Sur un ton plus anecdotique, les expériences d'Alilo avec le téléphone et particulièrement les cartes de téléphone lui répètent qu'il est impossible de ne pas payer. Dans un premier temps, quand il découvre que les cabines téléphoniques fonctionnent avec des cartes et non pas de la monnaie, il peut avoir l'impression que cela ne coûte rien. Mais plus tard, il découvre que personne n'oublie une carte encore valide dans une cabine et aussi qu'il est impossible de trafiquer une carte épuisée pour l'utiliser. (Le cadenas posé sur le téléphone de Mok et l'obligation pour Alilo d'aller téléphoner dehors est aussi un rappel continuel du prix des choses.)

Alilo découvre donc beaucoup d'aspects positifs et plaisants de la vie en France mais également le revers de la médaille, c'est-à-dire le prix à payer pour toutes ces choses plaisantes. Même si son choix est largement dicté par les circonstances (la rencontre avec Fatoumata, l'explosion de la valise), on peut supposer que sa décision de rester à Paris sera plus «éclairée» que son arrivée dans la capitale: il a découvert les plaisirs et les possibilités que la vie parisienne lui offre, notamment une grande liberté, mais aussi le prix de ces avantages et la part d'illusion qu'ils contiennent.

Annexe: le découpage du film

Une gare à Paris. Sur le quai, deux jeunes gens se rencontrent: Mok vient accueillir son cousin d'Alger, Alilo. Celui-ci est impressionné par le «look américain» de Mok. Alilo est très énervé parce qu'il a perdu l'adresse à laquelle il devait se rendre pour son patron. Il téléphone à Alger mais son patron est parti: il doit se débrouiller.

Dans le bus, Alilo explique à Mok pourquoi il est à Paris: son patron fait du commerce et il l'a envoyé à Paris chercher une valise de marchandises qu'il compte revendre à Alger. Mok et Alilo arrivent dans le quartier où habite Mok (la Moskova): Mok prétend que c'est un quartier superclasse où tout Paris voudrait vivre. Ils entrent pourtant dans une petite rue assez délabrée et dans un immeuble où la cage d'escalier n'est pas éclairée. En passant les étages, Mok «présente» ses voisins, des artistes et des intellectuels. Par une porte ouverte, Alilo voit un couple s'embrasser, il le regarde avec étonnement.

Dans son appartement, Mok explique qu'il attaque une carrière de chanteur. Il a un imprésario qui s'occupe bien de lui (même s'il n'a pas laissé sur le répondeur le message qu'il attendait). N'entendant pas Alilo qui préférerait aller au restaurant, Mok prépare des spaghetti «à la mode thaïe».

La nuit, Alilo est malade. Il réveille Mok et prétend qu'il va mourir. Mok téléphone au Samu. Mok et Alilo sortent de l'hôpital: Alilo avait mangé trop de bananes.

Alilo veut téléphoner à son patron et trouve une carte de téléphone dans la cabine. Elle est vide bien sûr. Alilo n'a pas de nouvelles de son patron.

Mok doit aller à sa séance d'analyse. Les cousins se séparent. Alilo va à Barbès. Il y rencontre Rachid qui est un ancien policier d'Alger. Ils vont boire un verre ensemble. Rachid explique qu'il partira bientôt au Canada où «c'est plus facile». En attendant il fait du commerce mais le cafetier refuse qu'il fasse des affaires chez lui. (Les affaires de Rachid semblent louches.)

Pendant que Mok fait des frites, Alilo regarde par la fenêtre et voit une jeune femme noire à sa fenêtre. Il doit téléphoner et descend à la cabine. La jeune femme noire est dans la cabine de téléphone, entourée de skinheads qui lui font peur. Alilo veut intervenir mais reçoit un coup violent. Les voisins interviennent et mettent les skins en fuite.

Alilo se fait soigner par Fatoumata, la jeune femme noire, dans l'appartement de Mok où tous les voisins se sont réunis.

Mok et Alilo se baladent: Mok veut montrer le Paris branché à Alilo. Ils croisent deux flics en civil, Alilo les salue: ils lui répondent courtoisement en arabe.

Mok se prépare pour un concert à Aubervilliers. Alilo préférerait regarder la télé mais finalement il accompagne Mok.

Il s'agit d'un concours de musique où Mok passe après un groupe qui a remporté un beau succès. Lui, qui a adapté des fables de la Fontaine en rap, se fait huer. Il sort, furieux, suivi par Alilo.

Les deux cousins se retrouvent dans une cité de banlieue, là où habite la famille de Mok. Mok brosse un tableau très noir de sa famille: il dit à Alilo que son père est au chômage, que sa mère est folle, que l'un de ses frères est en prison et l'autre drogué et enfin que sa sœur se prostitue. Alilo est consterné.

Ils entrent dans un café. Pour consoler Mok, Alilo lui explique que la situation à Alger n'est pas plus brillante: lui, par exemple, voudrait se marier mais ne peut pas parce qu'il n'a ni argent ni appartement. Quant à sa fiancée, il ne lui a même jamais parlé.

Alilo veut téléphoner d'une cabine mais sa carte est vide. Il demande à un adolescent s'il n'y pas moyen de la trafiquer.

Alilo sort du RER en portant une boîte de pâtisserie. Il demande son chemin pour aller à la cité où habitent son oncle et sa tante, les parents de Mok.

L'oncle d'Alilo vient lui ouvrir et l'accueille chaleureusement. La télé est allumée et branchée sur une chaîne algérienne. Alilo s'en étonne et dit qu'en Algérie, tout le monde cherche à capter les chaînes françaises.

Alilo et son oncle parlent de Mok. L'oncle dit qu'il n'a plus vu Mok depuis deux ans, que c'est un voyou. Alilo demande à son oncle s'il n'est pas trop pénible de ne plus avoir de travail mais l'oncle lui répond que c'est normal, il est à la retraite. Alilo demande alors des nouvelles de sa tante. Elle va bien. Elle rentre justement. Elle salue Alilo chaleureusement et enlève sa perruque blonde, ce qui étonne Alilo.

Alilo et son oncle sortent. Ils se rendent à la mosquée où Alilo reconnaît un imam d'Alger.

Mok rencontre des gens sur un terrain vague, qui le laissent entrer dans un hangar. Mok s'approche d'un homme assis à une table, Claude, qui le reçoit particulièrement mal. Mok lui doit de l'argent. Mok voudrait pourtant qu'on lui en prête encore pour qu'il puisse parier: il se sent en veine. Claude refuse.

Mok rencontre alors Gontran qui le met sur un coup. Mok lui demande une avance mais Gontran refuse lui aussi.

Mok s'approche de Laurence qui, elle, accepte de lui donner de l'argent. Ils conviennent d'un rendez-vous.

Alilo mange avec son oncle et sa tante. Il demande des nouvelles des jumeaux, ce qui chagrine sa tante: c'est que la maison est bien vide depuis que l'un est parti travailler en Amérique et l'autre à l'armée.

Le boxeur sur lequel Mok a parié est battu. Mok a encore perdu de l'argent.

La cousine d'Alilo arrive chez ses parents et rencontre son cousin pour la première fois. Elle parle de ses clients et Alilo est étonné de voir que cela ne gêne personne. Finalement, elle propose de raccompagner Alilo qui découvre avec un grand soulagement qu'elle est chauffeur de taxi!

Mok a rejoint Laurence près des rails de chemin de fer. «Toutes ces dettes, ça commence à craindre» dit-elle.

Alilo et sa cousine parlent de Mok; Alilo dit que c'est Mok qui a des problèmes et pas sa famille comme il le laisse croire. Ils se quittent enfin. La cousine d'Alilo lui donne une lettre qu'il doit remettre à Mok: c'est une convocation de la police.

À Barbès, Alilo apprend que Rachid s'est fait embarquer et expulser: il revendait des fausses Rolex. Du café, Alilo essaie encore de joindre son patron par téléphone.

Sur le marché, Alilo rencontre Fatoumata. Il lui porte ses paquets et la raccompagne.

Alilo prépare à manger quand Isaac, un voisin, vient emprunter un costume à Mok pour une audition.

Mok rentre. Alilo s'est endormi. Mok est fâché parce qu'Alilo a laissé brûler le repas dans la poêle. Mais Alilo a aussi de bonnes raisons d'être fâché sur Mok: il ne lui a raconté que des mensonges à propos de sa famille.

Mok en smoking et Alilo dans un veston à carreaux de Mok se rendent à un mariage. Ils y vont en mobylette. Alilo rêve de rouler sur une grosse moto, un jour. Mok lui répond: Mais tu es sur une grosse moto! En effet, la mob s'est transformée en grosse cylindrée, qui s'envole, emportant les deux cousins euphoriques dans les airs.

Mok et Alilo arrivent au mariage. C'est Mok le marié! Il ne connaît même pas la mariée, ni son beau-père. La seule personne qu'il connaisse là, c'est Gontran. Mok doit jouer la comédie, au cas où il y aurait des flics dans la salle. On se met à danser. Gontran paie Mok: c'est un mariage blanc. Mok et Alilo s'en vont.

Le lendemain, Mok, qui est en retard, court vers la mairie.

Alilo va téléphoner à la cabine. Fatoumata y est, qui pleure doucement en raccrochant. Alilo contacte enfin son patron qui l'engueule abondamment. Maintenant, il a l'adresse de Monsieur Maurice.

Alilo se rend chez Monsieur Maurice: c'est un atelier de confection. La valise l'attend. Maurice est d'abord un peu sévère en le voyant arriver si tard puis se met à lui parler de l'Algérie avec nostalgie. Il écoute de la musique de là-bas, n'y a plus mis les pieds depuis trente ans et n'y retournera jamais. Mais il souffre quand il entend parler des attentats qui s'y produisent et prie pour la paix, à la synagogue.

Alilo ramène la valise pleine de robes chez Mok. Il décide de rester un jour de plus comme Mok l'y invite. Mais Mok lui demande de s'en aller un moment: il attend quelqu'un.

Alilo se promène dans le quartier chaud. Il entre finalement dans un peep-show, où, pendant un instant, il rêve de Fatoumata. Il se fait mettre à la porte après s'être fait coincer la main dans une ouverture.

Alilo, seul dans la nuit, est assis sur un banc.

Mok est avec Laurence: ils rêvent de partir ensemble un jour quand ils auront réglé leur problème. On frappe à la porte. Mok croit que c'est Alilo mais c'est Claude. Laurence se cache. Claude, furieux que Mok n'ait pas l'argent pour le rembourser, le frappe et emporte la valise. Dans la cage d'escalier, Claude croise Alilo qui reconnaît la valise. Il se fâche et se bat un peu avec Claude qui tombe dans les escaliers. Alilo récupère la valise et rentre chez Mok. Il est furieux que Mok ait donné sa valise à Claude. Mok essaie de lui expliquer que Claude a pris la valise de force mais Alilo pique une grosse colère. Mok s'en va.

Laurence reste avec Alilo. Elle lui explique le problème de Mok: Roger, le frère de Laurence, était le meilleur ami de Mok. Un jour, ils ont voulu aller en boîte mais on n'a pas laissé entrer Mok. Roger s'est battu avec le videur, a été blessé puis est revenu mettre le feu à la boîte. Depuis, Roger est paralysé. Mok doit passer en jugement, juste au moment où sa carte de séjour arrive à expiration. Il a contracté le mariage blanc avec de faux papiers.

Le matin, Mok rentre. Alilo lui demande pardon. Mok va faire du roller. «C'est zen.»

Alilo voit Fatoumata par la fenêtre. Il sort et l'invite à la fête qu'ils feront le soir.

Laurence, Mok, Fatoumata et Alilo sont dans un bar à karaoké. Alors que les deux premiers chantent, Alilo et Fatoumata discutent. Alilo lui demande pourquoi elle pleurait l'autre jour. Elle a perdu son fiancé et son emploi en même temps. Alilo n'a pas tout à fait envie de repartir. Il n'a même pas vu Paris. Fatoumata lui propose d'aller voir la Tour Eiffel. Ils sortent. Mok donne des préservatifs à Alilo, que celui-ci prend pour un paquet de chewing-gum.

Fatoumata et Alilo vont voir la Tour Eiffel. Alilo imagine un magasin entre deux étages. Il fait rire Fatoumata. Il lui propose ensuite un chewing-gum. Quand Fatoumata voit que ce sont des préservatifs, elle se met à rire. Alilo ne s'en était pas rendu compte.

Ils rentrent dans le quartier de la Moskova. Fatoumata explique que ce quartier va disparaître, rasé pour construire de nouveaux immeubles. Ils se quittent devant la porte de Fatoumata, heureux l'un et l'autre de s'être rencontrés.

Le matin, Alilo est prêt à partir. Mok, qui a la gueule de bois, ne l'accompagne pas à la gare. Alilo prend le bus pour aller à la gare. Sur le quai, on entend un message selon lequel les voyageurs sont priés de ne pas laisser de bagages sans surveillance.

Fatoumata rejoint Alilo. Elle ne voulait pas le quitter comme ça. Ils marchent sur le quai, oubliant derrière eux la précieuse valise. Ils s'embrassent et s'avouent qu'ils s'aiment.

Les policiers arrivent chez Mok avec un avis d'expulsion. Il va être renvoyé en Algérie puisqu'il n'a plus de papiers en règle. Le téléphone sonne et le policier dit à Mok que ce n'est plus la peine de répondre. Ils l'emmènent.

C'est Alilo et Fatoumata qui appellent Mok d'une cabine: ils expliquent que la police a «explosé» la valise. Mais ils sont amoureux l'un de l'autre. Alilo va aller chez Fatoumata quelques jours. Ils s'en vont, heureux.


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