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Extrait du dossier pédagogique
réalisé par les Grignoux et consacré au dessin animé
L'Ours montagne
d'Esben Toft Jacobsen
Danemark, 2011, 1 h 15

Le dossier pédagogique dont on trouvera un extrait ci-dessous s'adresse notamment aux instituteurs et institutrices qui verront le dessin animé L'Ours montagne avec des jeunes spectateurs entre cinq et dix ans environ. Il retiendra également l'attention des animateurs en éducation permanente qui souhaitent mener une réflexion autour de ce film notamment dans le cadre d'un dialogue intergénérationnel.
Le dossier comprend plusieurs parties qui correspondent à autant de pistes d'exploitation possibles : en fonction de ses intérêts et de ceux du public auquel il s'adresse, l'enseignant ou l'animateur retiendra sans doute l'une ou l'autre de ces pistes, même s'il est tout à fait possible de parcourir l'ensemble des animations proposées. Celle proposée ci-dessous porte plus particulièrement la dimension fantastique du film et sur la distinction entre réel et imaginaire au cinéma.

Monde réel et monde imaginaire

Objectifs

  • Arriver à exprimer ce que l'on a perçu de manière spontanée lors de la vision du film
  • Améliorer sa perception du film
  • Faire la distinction entre des éléments ou des situations relevant d'un registre réaliste et d'autres d'un registre fantastique.

Méthode

Au moyen de la liste proposée à la page suivante (non exhaustive et laissée à l'appréciation de l'animateur) reprenant différents éléments du film, les participants sont amenés à compléter le tableau ci-dessous.

Déroulement

Présentons aux enfants un tableau à trois entrées comme celui-ci:

Le monde réel Entre les deux Le monde imaginaire
     

Cette activité peut être réalisée en grand groupe.

Dans un premier temps, les différents éléments de la liste seront lus à voix haute par l'animateur. En fonction de leur appartenance à un registre plutôt réaliste (éléments que l'on pourrait rencontrer dans la vie quotidienne) ou plutôt fantastique (éléments qu'on ne pourrait pas rencontrer dans la vie quotidienne), les participants répartissent les éléments suivants dans le tableau.

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Dans la catégorie «Entre les deux» se trouveront les éléments qui possèdent la faculté de passer d'un monde à l'autre.

La maison de Sophie et Jonathan
Le pistolet à eau
Les coups de klaxon
Le train, le chemin de fer
Les buildings, les usines
La maison de Papy, son jardin, sa cabane en bois
Papy
La porte au fond du jardin
La peluche de Sophie
Les grenouilles qui font pleuvoir
Jonathan et Sophie
La «grande» forêt
L'arbre et les plantes magiques
Les mini élans
Le chasseur
Le village détruit
Le piège pour l'ours montagne
L'ours montagne

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Complété, le tableau pourrait ressembler à ceci:

Le monde réel Entre les deux Le monde imaginaire
La maison de Jonathan et Sophie La porte au fond du jardin La «grande» forêt
Le pistolet à eau Les grenouilles qui font pleuvoir L'arbre et les plantes magiques
Les bruits de circulation, des poteaux électriques
Les mini élans
Le train, le chemin de fer
Le chasseur
Les buildings, les usines
Le village détruit
La maison de Papy, son jardin, sa cabane en bois
Le piège pour l'ours montagne
Papy Jonathan et Sophie L'ours montagne

Commentaires

Le tableau montre que dans L'Ours montagne, les héros (et les spectateurs par la même occasion) font l'expérience d'un passage entre un monde «réel» et un monde imaginaire.

Il est intéressant de voir comment, dans le cas d'un film d'animation comme celui-là, un réalisateur parvient à recréer une forme de réalité qu'il va opposer à un univers imaginaire.

Dans la première scène du film, l'on perçoit cette opposition à travers le traitement du son, des images et du rythme. Ainsi, dans cette scène, l'ambiance sonore et visuelle change brusquement lorsque Jonathan croit trouver la cachette de Sophie. Juste avant cet instant, une musique classique, des mouvements d'images lents et les pas feutrés d'un homme en train de marcher dans une forêt installaient une ambiance grave et tendue. D'un coup, cette atmosphère lourde fait place à une partie de cache-cache dynamique et rythmée entre deux jeunes enfants, au beau milieu de bruits de circulation, de coups de klaxons,…

Un peu plus tard, les enfants se trouvent à bord d'un vieux train de banlieue qui file, sous un ciel grisâtre, à travers un décor d'immeubles et d'usines. Tous ces éléments - un rythme enlevé, des bruits de circulation, la banlieue, le ciel gris, des usines fumantes - concourent à produire un effet de réalité, de quotidien, de «déjà-vu».

Face à cette réalité urbaine se déploie ensuite le mystère d'une forêt restée à l'état sauvage.

Le grand-père fait aux enfants une description plus qu'alléchante de la grande forêt : «Elle est restée sauvage, personne ne s'en occupe, elle est là depuis la nuit des temps, elle pousse toute seule encore et encore depuis que les arbres existent. […] Elle s'étend à perte de vue. C'est une forêt unique, mystérieuse. Personne ne sait vraiment jusqu'où elle s'étend et elle est pleine d'animaux étranges. »

Non seulement cette forêt est extraordinaire par sa taille, son âge et le fait d'être abandonnée par les humains mais les enfants vont aussi bientôt découvrir qu'elle abrite des formes de vie étranges comme un ours montagne bienveillant, des élans taille miniature ou encore des grenouilles qui déclenchent la pluie lorsqu'on les fait coasser.

Derrière la porte du fond du jardin, les enfants découvrent donc un univers fantastique qui rompt complètement avec la réalité de leur quotidien. Leurs repères habituels éclatent. Ils sont livrés à eux-mêmes dans une nature à l'état sauvage puis confrontés à des animaux dont la taille est soit démesurée soit minuscule, à des plantes miraculeuses et enfin à un être qui cumule les caractéristiques du règne animal, minéral et végétal: un ours montagne… qui raffole des caramels mous et apprécie la compagnie des papillons.

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Toutes ces rencontres et les situations périlleuses que Jonathan et Sophie sont amenés à vivre vont les transformer. Ils vont en apprendre beaucoup sur eux-mêmes, sur leur rapport aux autres et au monde en général.

Enfin, pour se rendre d'un monde à l'autre, les enfants traversent un point de passage: une porte en bois située dans le jardin de leur grand-père et qu'ils ont l'interdiction formelle de franchir. Comme dans beaucoup de récits fantastiques, cet apprentissage nécessite de la part des héros de franchir une limite imposée par leur entourage proche, un acte de désobéissance qui va les isoler dans un premier temps et les amener ensuite à poser leurs propres choix.

Dans L'Ours montagne, c'est une porte qui symbolise cette frontière entre le monde familier et l'inconnu, source potentielle de dangers mais aussi d'émancipation des individus.

Ce point de passage est souvent un élément familier qui ne recèle a priori aucun mystère: ici, une simple porte en bois; un terrier de lapin dans Alice au Pays des Merveilles ; une vieille armoire dans Le Monde de Narnia.

Prolongement

Si on le souhaite, l'on peut suggérer aux enfants les hypothèses d'interprétation suivantes et leur demander ce qu'ils en pensent :

  • Est-ce que ces propositions leur semblent farfelues, plausibles, intéressantes,…?
  • Est-ce qu'elles apportent un plus à l'histoire ou pas ?

Et si…

… Toute cette histoire était née de l'imagination de Jonathan et Sophie en train de mimer une partie de chasse dans le jardin?

Au début du film, Jonathan et Sophie jouent à cache-cache dans leur jardin. Des images de Jonathan avançant prudemment dans son jardin, un pistolet à eau dans la main sont entrecoupées par des images montrant un adulte marchant très lentement dans une forêt, un vrai fusil à la main. Au premier abord, on imagine que ces deux scènes ont lieu au même moment mais à deux endroits différents.

On peut aussi pousser l'interprétation plus loin et imaginer que Jonathan joue au « méchant chasseur à la poursuite d'un animal gigantesque dans une forêt noire et profonde» tandis que Sophie campe le rôle d'un animal fantastique injustement pourchassé.

… Toute cette histoire avait été rêvée par Jonathan ou Sophie?

Sophie et Jonathan sont au lit, prêts à passer leur première nuit chez Papy. Jonathan raconte à Sophie que l'ours géant qui habite la forêt juste à côté est très cruel et qu'il mange les gens, de préférence les petites filles.

Ici aussi, on pourrait pousser l'interprétation plus loin en imaginant que le reste de l'histoire est tout simplement rêvé par l'un des enfants puisque l'aventure démarre réellement au milieu de cette première nuit chez le grand-père. En effet, dans la scène suivante, les enfants sont dans le jardin, c'est le matin, ils ont repris leurs jeux et bientôt, la dispute qui va conduire Sophie dans la forêt va éclater.

Aucune de ces propositions n'a valeur d'explication ni ne cherche à réduire l'aspect fantastique du film. Cet exercice peut s'envisager comme un jeu, une manière d'exercer son imagination et de se sentir libre des interprétations que l'on peut formuler à propos d'un film - pour autant qu'elles restent en cohérence avec ce dernier.

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Moby Dick

Jonathan est plongé dans la lecture des aventures de Moby Dick, un cachalot blanc géant. On aperçoit le titre du roman lorsque les enfants sont dans le train qui les emmène chez leur grand-père et ensuite le soir même, pendant que Papy raconte l'histoire de la grande forêt à Sophie.

Ce roman relate l'histoire de Moby Dick, un gigantesque cachalot blanc pourchassé sans relâche par le capitaine Achab. Plusieurs années auparavant, Moby Dick a arraché la jambe du capitaine alors que celui-ci était sur le point de capturer la bête. Achab nourrit depuis une haine violente à l'égard de l'animal et n'a qu'un seul but dans la vie: se venger de lui. Les marins qui se trouvaient initialement à bord du Pequod pour pêcher la baleine en haute mer sont en réalité réquisitionnés pour accomplir la vengeance personnelle du capitaine. Le bateau finira par couler au large des îles Gilbert dans l'océan Pacifique.

L'aventure est relatée par un narrateur fictif, Ismaël, marin engagé sur le baleinier d'Achab et seul survivant du naufrage. C'est depuis son point de vue que l'histoire est racontée au lecteur.

Les enfants connaissent-ils ce récit? Peut-être ont-ils lu des histoires qui s'en inspirent ou vu des adaptations à la télévision?

Après avoir pris connaissance du résumé des aventures de Moby Dick, quelles comparaisons peuvent-ils établir entre les deux récits?

L'ours montagne – Moby Dick, le cachalot géant.

Ce sont deux êtres surnaturels, ni bons ni mauvais. Ils sont animés par leur instinct de survie et non par de mauvaises intentions à l'égard des humains, ce dont leurs chasseurs respectifs sont convaincus à tort.

Achab - le chasseur

Tous deux sont animés par un but unique : tuer l'animal surnaturel qui leur a ôté une chose à laquelle ils tenaient beaucoup et qu'ils tiennent désormais pour responsable de tous leurs malheurs.

Ismaël (et les autres marins) - Jonathan (et Sophie)

L'histoire de Moby Dick est racontée au lecteur depuis le point de vue d'Ismaël, tout comme le récit de l'ours montagne est raconté au spectateur depuis le point de vue de Jonathan.

La jambe arrachée - le village détruit

Ces deux éléments symbolisent quelque chose auquel le capitaine et le chasseur tenaient beaucoup.

La haute mer - la grande forêt

Certaines de ces contrées sont toujours inaccessibles à l'Homme. Elles représentent ce que l'être humain ne peut parvenir à maîtriser malgré sa volonté.


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