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Une analyse proposée par les Grignoux
et consacrée au film
Les Neiges du Kilimandjaro
de Robert Guédiguian
France, 2011, 1h47


L'analyse proposée ici s'adresse aux animateurs et aux éducateurs en éducation permanente qui verront le film Les Neiges du Kilimandjaro avec un large public. Elle propose de revenir sur l'implication émotionnelle des spectateurs et notamment sur les moyens utlisés par le film pour susciter cette émotion.

Le film

Sur un chantier naval à Marseille, on procède à des licenciements par tirage au sort. Parmi les malchanceux qui perdent leur emploi, Michel, militant syndical de toujours. Heureusement pour lui, il n'y a pas que le travail qui donne du sens à sa vie : il a une femme, Marie-Claire, avec qui il forme un couple très uni, des enfants et des petits-enfants et aussi des amis.

Marie-Claire et Michel réunissent tout cet entourage bienveillant pour célébrer leurs 30 ans de mariage : une fête à leur image, conviviale, simple, chaleureuse et pleine d'émotions. Mais, quelques jours plus tard, Michel et Marie-Claire sont victimes d'une agression d'une grande violence. Pourquoi s'en prendre à eux qui ont toujours eu le cœur sur la main et qui ne sont même pas riches ? Le sentiment d'injustice qui les submerge va-t-il bouleverser leur sens des valeurs ?

On connaît bien Robert Guédiguian, un cinéaste qui aime planter sa caméra à Marseille et travaille de façon privilégiée avec les mêmes acteurs. Cet aspect presque familial de son cinéma ne l'empêche pas de porter un regard lucide sur l'ensemble de la société et en particulier sur les injustices qui la traversent. Ici, il pointe notamment l'individualisme croissant qui isole les travailleurs, ainsi que le fossé qui se creuse entre une génération d'ouvriers plus âgés, bénéficiant d'une carrière ancienne, et des plus jeunes, condamnés à la précarité et obligés de se débrouiller de toutes les façons possibles

Destination

Le film de Robert Guédiguian, qui s'adresse à un large public, suscite généralement beaucoup d'émotions : les spectateurs partageront autant les joies que les peines des protagonistes. Mais il se poseront aussi beaucoup de questions sur les injustices, sur le respect des valeurs et des idéaux mis à l'épreuve de la réalité.

Il est également intéressant de revenir avec les spectateurs sur l'implication émotionnelle que suscite le film et qui peut d'ailleurs varier selon les individus (même si beaucoup de spectateurs disent être touchés par le film). C'est à cet aspect que s'attache plus précisément l'analyse proposée ici.

L'implication émotionnelle des spectateurs

À la vision des Neiges du Kilimandjaro, la plupart des spectateurs éprouvent sans doute, à différents moments, de multiples émotions parfois contrastées. Suggérons ainsi aux participants ,répartis en petits groupes, de tracer un schéma des émotions perçues tout au long du film en se basant simplement sur leurs souvenirs des grands moments du récit. Le schéma de base (sur l'axe des abscisses) sera ainsi constitué d'une simple ligne du temps correspondant à la chronologie du film, tandis que l'axe vertical (des ordonnées) opposera d'un côté les émotions négatives (qu'on situera conventionnellement en bas) aux émotions positives de l'autre (situées en haut).

Si les émotions sont extrêmement diverses, il est en effet généralement admis qu'elles se caractérisent par leur «valence» positive ou négative et qu'elles se répartissent ainsi entre d'une part les émotions plus ou moins agréables (joie, rire, satisfaction, euphorie…) et d'autre part les émotions désagréables (peur, angoisse, tristesse, colère…). En outre, on peut généralement hiérarchiser les émotions similaires selon leur degré d'intensité: ainsi, l'on passe de l'angoisse à la crainte puis à la peur et enfin à la terreur; inversement, on glisse facilement de la bonne humeur à la joie puis à l'euphorie et, dans les cas les plus rares, à l'extase…

Schéma 1

Après avoir réalisé leur propre schéma (soit en petits groupes soit individuellement), les participants pourront prendre connaissance des commentaires ci-dessous et les comparer à leurs propres réflexions. Bien entendu, ces commentaires peuvent être discutés et traduisent surtout une manière de percevoir le film: une fois de plus, insistons sur le fait que tous les ressentis sont réels et donc qu'aucun ne doit être rejeté.

Commentaires

Une analyse approfondie des Neiges du Kilimandjaro révèle que ce film présente une structure récurrente qu'on pourrait définir comme un cycle création puis de réduction de la distance relationnelle entre les personnages: ceux-ci s'éloignent émotionnellement dans un premier temps l'un de l'autre (à cause par exemple d'une dispute qui crée une tension), puis se rapprochent dans un second moment suscitant ainsi un sentiment de retrouvailles ou de réconciliation, plus ou moins euphorique. La puissance émotionnelle du film provient de cette réitération scénaristique qui crée une distance entre les personnages, avant de réaliser leur rapprochement plus ou moins inattendu, suscitant ainsi l'empathie du spectateur.

Par ailleurs, le film joue aussi sur la distance plus ou moins grande du spectateur à l'égard des différents protagonistes, en particulier l'agresseur de Michel et Marie-Claire, dont le point de vue nous sera progressivement révélé.

Les relations entre les personnages

Le scénario présente dans un premier temps des personnages très unis, comme le couple formé par Michel et Marie-Claire, soudé par leur amour et leurs années de vie commune. Néanmoins, dès la première séquence, on peut craindre qu'une division ne s'installe au sein du couple: Michel licencié osera-t-il avouer à sa femme, comme le lui demande Raoul, qu'il a volontairement mis son nom dans l'urne? Or non seulement Michel n'hésite pas à en faire part à Marie-Claire, mais celle-ci lui répond de façon positive, voire admirative, même si c'est avec une pointe d'ironie («Il y a des jours où c'est fatigant de vivre avec un héros»). Cette courte séquence fonctionne, on le voit, sur la création d'une première inquiétude — quelle sera la réaction de Marie-Claire? — suivie rapidement d'un apaisement qui renforce l'image positive de ce couple particulièrement uni.

Néanmoins, d'autres séquences en apparence anodines vont révéler certaines dissensions entre Marie-Claire et Michel qui est désormais contraint à une inactivité forcée: sa femme remarque à ce moment que, depuis qu'il a perdu son statut de délégué syndical, il n'est plus désormais qu'un homme comme les autres («tu es faible…» dit-elle), ce qui suscite un (petit) mouvement de colère chez lui. Mais c'est bien sûr l'agression et ses suites qui vont mettre le plus fortement en cause cette relation de couple. La scène au commissariat où Michel est emporté à un moment par la colère et frappe Christophe (alors que sa femme n'a pas entendu les paroles échangées) va en particulier susciter l'incompréhension de Marie-Claire. L'un et l'autre commenceront alors à se cacher des choses essentielles quant à leurs faits et gestes, ce qui accentuera la distance au sein de ce couple.

Après cette distance posée entre les deux personnages, évoquant probablement des émotions liées au conflit, à la tension, à la tristesse ou encore à la mélancolie, le film donne à voir Michel et Marie-Claire se rapprochant au travers de leurs valeurs et idéaux. Au bord de la plage, ils entretiennent une conversation importante, menée avec tendresse et humour: ils s'accordent sur le fait de ne pas partir en voyage et se rendent compte qu'ils souhaitent tous deux adopter les deux enfants. L'émotion est sans doute à son comble lors des retrouvailles entre ces deux amoureux, définitivement unis.

Les choix de la musique et de la mise en scène accentuent par ailleurs cette émotion. Sur fond de musique instrumentale lente et quelque peu mélancolique [1], les deux protagonistes se retrouvent au bord de la mer, sur cette même plage qui les accueillait avec leur famille au début du film, lorsque leur union était encore très solide. D'autre part, l'idée de l'adoption n'est pas donnée au spectateur uniquement par les dialogues, elle est également l'objet d'une une mise en scène concertée des personnages. Alors que Michel entreprend de soumettre à Marie-Claire son idée d'adopter Martin et Jules, les deux petits frères qui étaient restés jusque-là invisibles, pénètrent soudainement dans le champ. Les images ont parlé: Marie-Claire a eu la même idée que son mari, guidée par les mêmes valeurs, scellant ainsi de manière presque merveilleuse leur réconciliation [2].

Le même processus narratif – faisant succéder les retrouvailles à la distance – s'observe au travers de la relation entre les deux couples protagonistes du film. Leur relation a tout d'abord été définie par le film comme joyeuse et amicale, via la scène où les deux femmes dansent, les hommes les regardant d'un air attendri, sirotant un apéro. Mais au vu de leurs réactions divergentes suite au cambriolage, un écart se creuse entre eux. Entre la volonté de vengeance des uns et le désir de compréhension des autres, leur amitié se voit menacée. Mais la voilà rétablie à la toute fin du film, lors de cette dernière séquence montrant Raoul et Denise s'invitant au barbecue afin de faire la connaissance des deux enfants. Enfin, ce rapprochement est symbolisé par la bande dessinée, objet d'enfance de Michel que Raoul avoue lui avoir volé. La vérité rétablie, plus rien n'éloigne les deux vieux amis. Cette idée est renforcée par l'accolade, ce rapprochement physique entre Michel et Raoul, image qui conclut le film.

Relevons enfin une utilisation, légèrement différente, de mise à distance suivie d'un rapprochement entre les personnages. L'agression menée par le jeune Christophe institue évidemment immédiatement la plus grande distance entre lui et ses victimes, mais l'on constate aussi rapidement que Michel et Marie-Claire chercheront d'abord à comprendre les motivations de cet acte. Par deux fois, Michel essaiera ainsi de dialoguer avec son agresseur, la première (au commissariat) d'une façon maladroite et finalement brutale, la seconde (au palais de Justice) d'une façon sans doute malhabile mais certainement plus ouverte, même si Christophe rejette cette aide qu'il n'a pas sollicitée. C'est par le don de l'argent du voyage au Kilimandjaro, puis par la décision d'adopter les deux petits frères de Christophe que Michel parviendra ainsi à surmonter la distance qui le sépare de son agresseur: même si ce dernier reste bien sûr en prison, une forme de réconciliation est possible à travers la personne des deux jeunes frères.

On remarquera que le parcours de Marie-Claire, parallèle à celui de Michel, prend néanmoins une nuance propre puisqu'elle ne cherche pas à entrer directement en contact avec Christophe: elle se rend chez lui, commence à dialoguer avec les deux petits frères, surmonte leur méfiance et essaie de comprendre l'ensemble de la situation familiale. Elle rencontrera même la mère des enfants, essentiellement préoccupée par son sort personnel, et qui lui opposera un refus assez similaire à celui que Christophe adresse à Michel: à ces deux moments, l'on pourrait penser que la distance se creuse irrémédiablement entre ces personnages, rendant impossible toute solidarité, toute conciliation ou réconciliation entre eux… Mais la générosité de Marie-Claire comme de Michel aura raison de ces obstacles même si elle sera dirigée vers des personnes de «substitution» (qui sont pourtant réellement dans le besoin), les deux jeunes garçons, Martin et Jules. On retrouve ainsi la même dynamique émotionnelle consistant en un éloignement des personnages suivi d'un rapprochement, même si dans ce cas-ci la réconciliation s'opère grâce à des personnes de substitution.

Les relations entre le spectateur et les personnages

Un mécanisme assez similaire se retrouve dans la manière de présenter le personnage de Christophe, montré d'abord comme un agresseur violent, avant d'être ensuite humanisé et de susciter ainsi l'empathie du spectateur. Après la scène du cambriolage, la caméra abandonne en effet de manière surprenante les victimes, qui étaient au centre de l'attention depuis le début du film, et se met à suivre silencieusement un des deux agresseurs, encore cagoulé. De façon énigmatique, elle nous découvre ainsi un nouveau personnage, inconnu jusqu'alors, qui nous est bientôt montré dans sa vie quotidienne, avec ses petits frères en particulier. De la sorte, ce malfrat n'est plus exclusivement perçu par le spectateur comme le méchant, à l'instar de son complice, et il est au contraire fortement personnalisé. Le spectateur peut dès lors commencer à s'identifier à lui comme aux autres personnages, et il pourra même ressentir de l'empathie sinon de la sympathie à son égard.

S'ensuit alors un montage alterné [3] qui explique les conséquences du vol de l'argent, du point de vue de l'agresseur et du point de vue des victimes. Après avoir montré Christophe avec sa famille, le film montre le désespoir de Denise, pour ensuite revenir sur l'agresseur et les possibilités qui s'offrent à lui suite au vol de l'argent. Un peu plus tard, la caméra nous montrera encore la rencontre de Michel et Christophe à la recherche d'emploi: à ce moment-là, Michel évoque sa douleur à l'épaule, conséquence de l'agression, alors que le responsable tente d'éviter la rencontre. Cette alternance entre les deux milieux de vie des personnages permet aux spectateurs de se rendre compte de différentes réalités, parfois contradictoires ou difficiles à concilier.

Révélatrice de cette complexité, la scène du Quick® donne à voir des points de vue totalement opposés. C'est à ce moment-là que se révèle à Michel l'identité de son agresseur, qu'il a attendu au pied de son immeuble. Le spectateur découvre alors le jeune Christophe dans un de ses rares moments de bonheur (grâce évidemment à l'argent volé): il organise une sortie avec ses frères et sa petite amie. Il est possible que le spectateur ressente un mélange d'émotions à ce moment, tiraillé entre le désarroi de Michel et le bonheur de Christophe.

Le parcours émotionnel

En considérant l'axe des abscisses comme l'axe de la temporalité du film et celui des ordonnées comme une échelle émotionnelle variant du ressenti le plus négatif au plus positif, voici le schéma que l'on pourrait obtenir sur base des émotions suggérées par le film. La séquence d'ouverture suscite un sentiment plutôt négatif, mettant en scène un licenciement dont le seul arbitre est le hasard. Les personnages ont un visage grave et un silence absolu règne dans l'assemblée composée des travailleurs de l'entreprise, dans l'attente difficile de savoir qui sera mis à pied. Cependant, à ce moment précis de la narration, le spectateur est encore peu impliqué dans l'histoire, il ne s'est pas encore identifié aux personnages, et donc l'émotion négative reste sans doute assez faible.

Schéma 2

Ensuite, malgré le licenciement de Michel, le film tend vers des ressentis positifs avec la mise en scène de l'amour fort existant entre Michel et Marie-Claire ou encore l'entente familiale et amicale dont ce couple jouit au jour le jour. Michel joue à la plage avec ses petits-enfants, leur apprend à manger des sardines grillées, Marie-Claire danse de bon cœur la salsa avec sa sœur Denise, leurs maris boivent un verre en profitant des dernières lueurs du jour. Ces différentes scènes peuvent faire sourire les spectateurs, les attendrir ou encore leur procurer un sentiment de bonheur.

Cet ensemble d'émotions positives culmine avec la scène de la fête pour les trente ans de mariage de Michel et Marie-Claire: les invités dansent, rient, ouvrent quelques bouteilles de vin et finalement offrent un beau cadeau au couple en chantant en chœur Les Neiges du Kilimandjaro, cette chanson de Pascal Danel. L'émotion est à son comble lorsque Marie-Claire et Michel font un discours et se déclarent leur amour.

Toute cette séquence est sans doute empreinte d'une certaine nostalgie. Même si tout évoque l'optimisme, certains éléments font référence à quelque chose de perdu, une réalité passée et un combat inachevé. Michel, récemment licencié, choisit d'organiser cette fête en présence de sa famille, de ses amis, mais aussi de certains de ses collègues. Le lieu choisi pour cette occasion n'est certainement pas anodin, ce sont les bâtiments de son ancien lieu de travail. La chanson de Pascal Danel accentue cette idée de nostalgie et de mélancolie. Marie-Claire, les larmes aux yeux, le fait d'ailleurs remarquer à la fin de la chanson en déclarant : «C'est beau, mais c'est triste!».

Alors que les personnages principaux suscitent ainsi une forte sympathie, l'agression dont ils sont ensuite victimes sera perçue comme d'autant plus violente et injuste. À partir de ce moment, les spectateurs seront confrontés à des émotions beaucoup plus négatives en écho notamment au traumatisme des victimes et en particulier au désespoir de Denise, à la rancœur de Michel (qui dépose plainte puis qui frappera dans un geste de colère son jeune agresseur) puis de Raoul (qui refuse quant à lui de retirer sa plainte), à la froideur de la mère de Christophe qui refuse de dialoguer avec Marie-Claire, au refus brutal et hautain de Christophe qui rejette l'espèce de conciliation que lui propose Michel… On oscille ainsi entre la colère, l'incompréhension, le mépris et la tension générale qui se manifeste désormais entre des personnages.

Dans cette succession de notes négatives, surgissent cependant quelques touches teintées d'optimisme. On notera par exemple la conversation au bar entre Marie-Claire et le serveur, prêt à tout mettre en œuvre pour lui faire retrouver le sourire (le Metaxa). Cette séquence n'a en effet pratiquement aucune fonction narrative puisque ce personnage n'a rien à voir avec les événements en cours, mais elle permet à Marie-Claire — et sans doute aussi au spectateur — de reprendre espoir dans cette atmosphère largement négative. Alors que l'incompréhension semble dominer entre les personnages, un inconnu soudain montre que l'entente est encore possible, cette note d'optimisme laissant penser que la suite de l'histoire sera plus joyeuse et plus positive.

En effet, Michel et Marie-Claire, chacun de leur côté et à leur manière, vont avoir des gestes d'attention envers les autres, principalement envers les deux petits frères de Christophe. L'espoir se reconstruit ainsi petit à petit. Si certaines tentatives d'aide sont rejetées, d'autres portent leurs fruits et installent à nouveau une atmosphère plus détendue. La scène à la plage montrant la réconciliation Michel et Marie-Claire grâce à leurs valeurs profondes et leurs projets communs est ainsi très forte émotionnellement pour les raisons déjà évoquées. Pour les deux personnages principaux, le chemin a été long avant de se retrouver, et les étapes parfois rudes ou violentes: dans ce contexte, ces retrouvailles sont d'autant plus intenses.

Néanmoins, Michel et Marie-Claire, à présent réunis, ne parviennent pas à trouver un terrain d'entente avec leurs enfants, qui ne comprennent pas leur décision d'adopter les deux jeunes frères de Christophe. Mais ces émotions plus négatives (nées de l'incompréhension) sont rapidement effacées pour laisser place à la joie suscitée par le retour du couple d'amis, Raoul et Denise, qui approuvent en revanche cette décision. Tous les éléments sont désormais rassemblés pour insuffler au spectateur une bonne dose d'optimisme et de confiance en la nature humaine! La séquence finale peut ainsi être perçue comme une espèce de répétition de l'anniversaire de mariage avec le même sentiment euphorique, mais, après les épreuves passées, les difficultés surmontées, les incompréhensions effacées, on peut penser que cette dernière scène rejoue sur un registre émotionnel majeur ce qui avait été précédemment ressenti de façon nettement moins aiguë.


1. Les amateurs de musique classique auront reconnu la célèbre Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel (1899).

2. Cette scène rappelle — sur un mode «majeur» — celle du restaurant au début du film quand Michel avait avoué son licenciement et que Marie-Claire lui avait répondu affectueusement que c'était parfois fatigant de vivre avec un héros… Dans les deux cas, une querelle, un différend possibles ou même une simple tension redoutée s'effacent presque miraculeusement, les deux personnages témoignant d'une totale communion d'idées et de sentiments.

3. Le montage alterné juxtapose des plans qui ne présentent pas de continuité de lieu entre eux mais une continuité temporelle. Ce type de montage permet de montrer deux lignes narratives différentes se déroulant au même moment.

 

Les Neiges du Kilimandjaro, Prix LUX 2011

Face au morcellement du paysage culturel européen, qui touche tous les arts dont le cinéma, le Prix LUX décerné par le Parlement européen propose de sous-titrer un film au moins dans les 23 langues officielles de l'Union européenne – la version originale donnant lieu à une adaptation pour les handicapés visuels ou auditifs – et d'en fournir une copie, numérique ou photochimique, dans chacun des 27 pays de l'Union.

Lauréat du Prix LUX 2011, Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian a pu ainsi être projeté dans les 23 langues officielles et les 27 Etats membres de l'Union européenne. C'est dans ce contexte que le centre culturel Les Grignoux a réalisé un dossier d'accompagnement qui a été traduit dans les principales langues européennes.

Ce document est disponible au format pdf dans différentes langues européennes. Il s'agit des versions allemande, anglaise, bulgare, danoise, espagnole, finnoise, française, italienne, néerlandaise, portugaise, roumaine, suédoise.

 

Un dossier pédagogique complémentaire à l'animation proposée ici est présenté à la page suivante.
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