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Une analyse proposée par Les Grignoux
et consacrée au film
La Route d'Istanbul
de Rachid Bouchareb
France, 2016, 1h37

La Route d'Istanbul au format pdfLes réflexions proposées ci-dessous s'adressent notamment aux animateurs en éducation permanente qui souhaitent aborder l'analyse du film La Route d'Istanbul avec un large public.

Cette analyse est également disponible gratuitement au format pdf.

En quelques mots

Élisabeth, une infirmière d'une quarantaine d'années, vit seule avec sa fille adolescente Élodie à la campagne au bord d'un lac en Wallonie. Sans que sa mère s'en aperçoive, Élodie s'est convertie à l'Islam et s'apprête à partir en Syrie. Sa mère abusée découvre trop tard la disparition de sa fille et entreprend de la retrouver. Mais les traces de la disparue sont ténues, et personne ne semble prêt à aider Élisabeth… Commence pour elle un long et difficile périple pour reprendre contact avec une adolescente qu'elle ne connaît plus.

Rachid Bouchareb, réalisateur français d'origine algérienne, aborde depuis le début de sa carrière les différentes problématiques de l'identité en lien notamment avec l'histoire de l'immigration: on se souvient qu'il a réalisé Indigènes en 2006 (avec Jamel Debbouze, Samy Naceri, Sami Bouajila, et Roschdy Zem), un film où il évoquait le destin des soldats d'Afrique du Nord, engagés plus ou moins volontaires pour libérer la France de l'occupation nazie. Cette fois, il interroge le phénomène de la radicalisation qu'il montre à travers les yeux d'Élisabeth, une mère qui découvre stupéfaite l'éloignement absolu de sa propre fille. On signalera d'ailleurs que la réalisation du film a commencé deux ans avant sa sortie en février 2016, c'est-à-dire bien avant les attentats sanglants qui ont frappé Paris (attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015, puis attaques contre la salle de spectacle du Bataclan et d'autres lieux à Paris en novembre 2015) et la Belgique (attentats à l'aéroport de Zaventem et dans le métro bruxellois en mars 2016). À travers l'histoire d'Élisabeth, Rachid Bouchareb décrit ainsi une situation beaucoup plus large qui dépasse le cadre du terrorisme islamiste en Europe occidentale, et qui concerne des dizaines sinon des centaines de parents confrontés ici et ailleurs au départ inattendu de leurs enfants vers un pays lointain plongé dans la guerre.

La Route d'Istanbul décrit ainsi un éloignement physique mais aussi et surtout une distance mentale qui s'est creusée entre parents et enfants, entre les générations, entre tous ceux qui partent pour des raisons apparemment inconnues et ceux ou celles qui restent ici livrés à l'incompréhension.

Regards sur le film

La thématique générale de la Route d'Istanbul est sans doute évidente pour tout le monde: le film évoque le départ, à l'insu de leurs parents, de jeunes gens vers la Turquie puis la Syrie, un pays plongé aujourd'hui dans la guerre civile. Mais, au-delà de cette thématique, quel est le propos du cinéaste? Que nous dit-il de ces jeunes gens, de leurs parents, des raisons qui motivent les uns et les autres, des justifications éventuelles qu'on peut donner aux actions des uns et des autres? Quelle est d'ailleurs la position ou l'attitude que le cinéaste adopte à l'égard de ses personnages? Et quelle portée donne-t-il à son film par rapport à un phénomène qui est certainement plus large que l'histoire mise en scène et qui concerne à présent des centaines de personnes? Par ailleurs, comment réagissons-nous par rapport aux personnages et à l'histoire mise en scène? Le film modifie-t-il notre perception des choses? Et en quoi questionne-t-il notre vision du monde?

L'analyse proposée ici entend donc expliciter le propos du film mais également mesurer sa portée puisqu'à travers l'histoire singulière d'Élisabeth et de sa fille, il évoque une situation beaucoup plus large à laquelle sont confrontés notamment des parents mais également d'autres témoins.

On procédera ici en deux étapes, en abordant d'abord le point de vue des personnages, puis la structure du récit mis en scène

Déroulement

Les personnages

Comme spectateur, on peut réagir rapidement après la vision du film en se situant par rapport aux différents personnages mis en scène dans le film. Quelques questions simples peuvent orienter la réflexion:

  • Se sent-on proche du personnage d'Élisabeth (la mère) ? Est-ce que l'on comprend ses réactions ? est-ce qu'on les partage ?
  • Certains de ses choix paraissent-ils malvenus ? A-t-elle raison de vouloir retrouver à tout prix sa fille ? Est-ce qu'elle fait bien de vouloir rester en Turquie (pour passer éventuellement en Syrie) alors que son amie s'en va ? Est-ce que, dans sa situation, l'on réagirait comme elle ?
  • Comment juger comportement à l'égard de sa fille Élodie ? Paraît-elle maladroite à certains moments ? Peut-n penser qu'elle a fait des erreurs dans ses choix de vie et sa manière d'éduquer sa fille ? Que devrait-elle faire pour maintenir ou rétablir le contact avec Élodie ?
  • Que penser d'Élodie ? Comment comprendre sa décision de partir en Syrie ? Comment comprendre sa conversion silencieuse à l'Islam ? Pourquoi un tel silence ? Qu'est-ce qui a pu expliquer ses différents choix ?
  • Comment réagissent les différentes personnes qu'Élisabeth rencontre en Turquie ? Que disent-ils des jeunes qui partent en Syrie ?
  • La réaction d'Élodie à la fin du film, quand sa mère la retrouve à l'hôpital, a-t-elle étonné les spectatauers ? Qu'est-ce qui pourrait l'expliquer ?

Il s'agit, on le voit, de questions ouvertes qui peuvent susciter des réponses différentes selon les spectateurs. Si le film privilégie évidemment le point de vue d'Élisabeth, il ne cherche cependant pas à susciter une identification ou une adhésion sans partage au personnage. En outre, certaines personnes notamment pour des raisons religieuses peuvent se sentir plus proches d'Élodie, même si elles n'approuvent pas son départ en Syrie.

Pour répondre de façon plus précise à ces questions, il est certainement intéressant de reprendre une série de scènes du film dans un tableau à deux colonnes pour éclairer les motivations des deux personnages principaux : Élodie et Élisabeth. Il y a en outre d'autres indications dans le film qui peuvent compléter cette première ébauche de tableau.

Élisabeth Élodie

Elle a décidé de vivre à la campagne, au calme…

Elle est sans doute séparée de son mari…

Elle ne comprend absolument pas où sa fille peut être.

Elle part à la recherche de sa fille, elle essaie de renouer avec elle…

Elle rencontre le père de Khader, un garagiste qui refuse de lui parler et qui «a foutu son fils à la porte il y a trois mois».

Elle croit qu'on a lavé le cerveau de sa fille…

Son amie venue avec elle à Istanbul décide de rentrer car elle estime qu'on ne peut plus rien faire. Élisabeth s'obstine.

Sur la route, près de la frontière, elle croise une longue file de réfugiés.

À la fin du film, elle promet à Élodie de l'aider à retourner près de ses « frères et sœurs » mais va dans le couloir pour laisser couler ses larmes.

Au début du film, elle explique son chemin vers l'Islam : sa mère était la seule personne dans sa vie, elle a commencé à boire, à avoir des relations sexuelles, elle est devenue une mauvaise personne…

Elle prie en cachette dans le vestiaire de la salle de sports.

En Turquie, le taximan dit à Élisabeth que sa fille est courageuse de travailler en Syrie comme infirmière, car « là-bas, ils manquent de tout ».

Le passeur interrogé par le policier accuse Élisabeth de ne se préoccuper que de sa fille, pas des Syriens.

À la fin du film, à l'hôpital, Élodie affirme qu'elle veut « retourner près de ses frères et sœurs ».

Que peut-on tirer comme conclusion de ce tableau ? Que montre le film ? Quel est son propos principal ? Peut-on le résumer en une seule phrase, en une seule expression, en un seul mot ?

Plusieurs mots ou expressions peuvent sans doute résumer le film : on parlera facilement d'incompréhension ou de différences de points de vue ou encore de valeurs incompatibles. On remarquera que cette incompréhension se manifeste bien sûr entre Élisabeth et sa fille mais également entre Khader (avec qui Élodie est partie en Syrie) et son père, ou même entre Élodie et son amie Christelle (avec qui elle quitte le gymnase au début du film). On verra également que Julie, l'amie d'Élisabeth, décidera finalement de rentrer en Belgique devant l'inutilité apparente de leurs efforts et malgré l'obstination d'Élisabeth.

Mais cette différence de points de vue se manifeste également en Turquie où le chauffeur de taxi comme le passeur semblent tout à fait comprendre les motivations d'Élodie. Le passeur en outre reproche à Élisabeth de ne penser qu'à sa fille et pas au peuple syrien. Le policier quant à lui voudrait manifestement se débarrasser d'Élisabeth et l'enjoint de rentrer en Belgique.

Le film montre donc une incompréhension (qui résulte de points de vue foncièrement différents) entre générations : d'un côté, Élisabeth, le père garagiste, le policier turc, et, de l'autre, les enfants, Élodie et Khader; mais aussi entre des pays ou des «mondes» différents: ici et là-bas, des pays en paix (la Belgique ou la Turquie) et d'autres en guerre, la Syrie et Raqqa[1] en particulier.

Les spectateurs auront donc certainement des sentiments différents par rapport à cette incompréhension fondamentale entre les personnages :

  • Certains se sentiront-ils plus proches d'Élisabeth et d'autres d'Élodie ;
  • Les différents personnages inspirent certainement des sentiments différents : compassion, incompréhension, énervement parfois, mépris peut-être, peur en certgaines circonstances, étonnement ?
  • Les choses auraient-elles pu se dérouler autrement ?
  • Qu'est-ce qui produit cette incompréhension fondamentale entre les personnages ? La religion ? le mensonge ? l'absence préalable de communication ? la différence d'âge ? la manipulation ? la différence de valeurs ?

L'histoire

L'incompréhension représente ce qu'on peut appeler le thème principal du film, et elle constitue en particulier la situation de départ qui va déclencher l'action ou les actions du personnage principal, Élisabeth. Mais, précisément, qu'est-ce que l'histoire va apporter à cette incompréhension de départ ? Que nous montre le film du cheminement d'Élisabeth ? Quelques questions complémentaires permettront d'orienter la réflexion à ce propos.

  • L'incompréhension de départ va-t-elle se modifier au cours du film ? Qu'est-ce que le voyage à Istanbul va apporter à Élisabeth ? En quoi va-t-il éventuellement la transformer ?
  • Le « voyage » d'Élisabeth, son obstination à suivre la trace de sa fille jusqu'à la frontière paraissent-ils raisonnables ? ou absurdes ? Qu'est-ce qui peut nous amener à partager son obstination ? Dans quelle situation pourrions-nous faire preuve d'une obstination similaire ?
  • Qu'est-ce qui anime Élisabeth ? Qu'est-ce qui est le plus important pour elle ? À quoi est-elle attachée avant tout ? Peut-on comparer sa réaction avec celle du père de Khader ?
  • Comment peut-on interpréter la scène finale ?

Le film met en scène une situation relativement rare sinon exceptionnelle, même si elle concerne sans doute des dizaines sinon des centaines de personnes. Il n'est pas courant en effet qu'une incompréhension silencieuse comme celle qui s'installe entre Élisabeth et sa fille débouche sur un départ aussi soudain[2]. Le film essaie donc de nous faire partager les sentiments qu'une personne peut éprouver dans une telle situation qu'on peut qualifier d'extrême. Ainsi, nous comprenons facilement le désarroi d'Élisabeth quand elle découvre qu'Élodie est partie en Syrie, mais nous éprouvons sans doute à d'autres moments un certain éloignement par rapport au personnage, par exemple quand elle communique maladroitement avec sa fille sur Skype ou qu'elle se rend à la frontière dans l'espoir insensé de passer en Syrie. Le film nous fait partager le point de vue d'Élisabeth, même si nous pouvons ressentir une certaine distance ou un certain malaise par rapport à ses réactions. Le film nous pose ainsi la question difficile d'imaginer ce qu'une personne peut éprouver dans une situation aussi inhabituelle et aussi extrême. Et il faut un peu d'empathie pour comprendre qu'Élisabeth puisse s'obstiner dans la recherche de sa fille ou qu'elle lui réponde à l'hôpital qu'elle l'aidera à rejoindre « ses frères et sœurs ».

Les questions posées ci-dessus doivent permettre en principe de mieux comprendre le personnage. Ainsi, on voit qu'elle essaie de renouer avec sa fille en lui envoyant des messages ou en dialoguant avec elle sur Skype. Cette attitude contraste en particulier avec celle du père de Khader qui lui a rompu avec son fils. Pour Élisabeth, il est plus important de renouer avec sa fille que de la convaincre de renoncer à ses convictions : la dernière scène est de ce point de vue très éclairante puisqu'elle lui dit qu'elle l'aidera à rejoindre « ses frères et sœurs » alors que son objectif premier était de la ramener en Belgique. Deux motivations animent ainsi Élisabeth : elle veut garder le contact avec Élodie mais elle veut aussi la ramener en Belgique. Dans cette dernière scène, ces deux motivations se révèlent contradictoires, et Élisabeth fait le choix de privilégier la relation personnelle avec Élodie.

Si l'on essaie à présent de définir ces deux tendances qui animent le personnage, on reconnaîtra facilement que c'est l'amour maternel qui l'anime pour une part essentielle. La volonté de ramener Élodie « à la maison » est en revanche moins facile à qualifier : on dira sans doute qu'il s'agit là de ce qu'Élisabeth considère comme étant «la vie normale» (avec toute l'imprécision du terme). Et c'est cette «normalité» qu'elle sacrifie (en partie) lorsqu'elle décide de partir en Turquie puis d'essayer de passer en Syrie, et enfin lorsqu'elle déclare à Élodie qu'elle l'aidera à rejoindre ses «frères et sœurs».

Présentées ainsi de façon plus abstraite, les motivations du personnage sont sans doute plus évidentes, et les spectateurs peuvent alors chercher des points de comparaison avec leur propre expérience: jusqu'où seraient-ils, seraient-elles prêt(e)s à aller ou à agir pour l'amour d'une autre personne ?

Prolongements

L'on proposera à présent au lecteur deux réflexions en prolongement à l'analyse du film précédent, la première sur le thème de l'incompréhension possible entre parents et enfants, la seconde sur les limites que l'on donne ou non à l'amour que l'on peut ressentir pour une autre personne.

Ces deux prolongements se présentent sous forme de questionnaires auxquels chacun peut répondre silencieusement. Des questions complémentaires pourront nourrir la réflexion. Ces questions, qu'on peut aborder aussi bien sous l'angle philosophique que psychologique, n'appellent sans doute pas de réponses unilatérales et visent plutôt à susciter une prise de distance par rapport à nos réactions spontanées.

Incompréhension?

Dans la Route d'Istanbul de Rachid Bouchareb, Élodie se convertit à l'Islam puis décide de partir en Syrie sans en avertir sa mère ni lui expliquer les raisons qui la poussent à faire ce choix. On peut donc parler d'une incompréhension importante entre mère et fille, d'un silence volontaire ou encore d'une impossibilité de communiquer entre parents et enfants. Même si l'on ne partage sans doute pas les choix d'Élodie, y a-t-il des sujets dont on estime qu'il est difficile de parler avec ses proches, en particulier si ceux-ci ou celles-ci appartiennent à une autre génération ? On pensera par exemple à :

  • la sexualité
  • l'amour
  • la religion
  • la mort
  • les maladies graves
  • la drogue, l'alcool
  • un problème de santé plus bénin mais important pour la personne (taille, poids, boutons…)
  • le sens de la vie
  • les études
  • l'avenir

À discuter…

Voici quelques points qui pourraient être être réfléchis en complément au questionnaire précédent :

  • Pourquoi certains sujets sont-ils « tabous » entre parents et enfants ?
  • Fait-on plus facilement confiance à ses amis qu'à ses parents ? Pourquoi ? Y a-t-il de «faux» amis ou des amis de mauvais conseil ?
  • Peut-on résoudre seul tous ses problèmes ?
  • Est-il important de connaître des professionnels (par exemple des psychologues, des médecins, des assistants sociaux…) à qui l'on peut s'adresser en cas de problème ? L'avis de ces spécialistes peut-il nous éclairer sur nos propres réactions ? Ou bien devons-nous faire nous-mêmes un travail d'introspection ?
  • Peut-on s'éloigner de ses parents ou de ses enfants ? Avoir d'autres convictions ? Peut-on se disputer avec eux ? Rompre totalement avec eux ? Peut-on partir sans explication ou refuser de les voir ? Quelle serait alors la réaction d'autrui ?

Par amour…

Dans la Route d'Istanbul de Rachid Bouchareb, Élisabeth quitte la Belgique pour se rendre en Turquie et elle essaie même de passer en Syrie dans l'espoir de retrouver sa fille Élodie. Comment comprendre la force ou l'intensité de cet amour maternel ? Est-ce que, pour l'amour d'une autre personne (parente ou non), nous serions capables de faire quelque chose d'inhabituel sinon d'exceptionnel ? On pourrait penser aux exemples suivants :

  • Donner un rein pour soigner cette personne ?
  • Faire un apprentissage difficile, par exemple d'une langue étrangère ou de la musique ?
  • Partir pour un pays lointain ?
  • Changer de religion ou de croyances religieuses ?
  • Faire des tâches ennuyeuses ?
  • Commettre un délit ?
  • Renoncer à une de vos activités favorites ?
  • Rompre totalement avec votre famille, vos amis ?

À discuter…

Voici quelques points qui pourraient être être réfléchis en complément au questionnaire précédent :

  • L'amour peut-il être «raisonnable» ? ou bien est-il nécessairement «excessif» ?
  • Si l'on repense à la Route d'Istanbul, Élisabeth agit certainement par amour, mais l'on peut penser que c'est le cas aussi de sa fille Élodie qui est certainement amoureuse de Khader: l'une aurait-elle raison et l'autre tort d'obéir à l'amour qu'elles éprouvent ?
  • L'amour des parents pour les enfants vous semble-t-il plus « fort » ou moins « fort » que la passion amoureuse d'un jeune couple ?
  • Est-ce que l'amour qu'on ressent pour une autre personne (ou même l'amitié) peut servir de guide dans l'existence ? L'amour peut-il être notre « maître » ou devons-nous tenir compte d'autres exigences ?

1. Pour rappel, Raqqa, dans le nord de la Syrie au bord de l'Euphrate, sert de quartier général de Daesh depuis juin 2013. La ville a été bombardée à plusieurs reprises par les forces gouvernementales syriennes (en 2014), puis par la France à la suite des attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Les informations sur la situation à Raqqa sont fragmentaires et controversées. D'un côté, la population civile est soumise aux mesures brutales des djihadistes, qui appliquent de façon violente la charia, pratiquent l'extorsion, confisquent illégalement certaines maisons au profit de leurs chefs et de leurs combattants, pourchassent et exécutent des habitants qu'ils jugent hostiles; de l'autre, les mêmes populations civiles subissent des bombardements meurtriers et sont en majorité hostiles au régime syrien de Bachar al-Assad. En novembre 2016 se dessine une offensive dirigée par les FDS (Forces Démocratiques Syriennes, une alliance anti-Daesh, comprenant des combattants kurdes, arabes et turkmènes) pour reprendre le contrôle de Raqqa. La prise de la ville, tombée aux mains des FDS, est annoncée en septembre 2017.

2. Bien entendu, les fugues d'adolescents et adolescentes ne sont pas rares. Il est donc intéressant de comparer le comportement d'Élodie à celui d'adolescents fugueurs pour montrer les similarités mais également les différences entre ces comportements. On reviendra sur ce point dans le prolongement de cette animation.

En prolongement : les attentats terroristes en France et en Belgique de 2015 et 2016 ont suscité une forte émotion qui a également touché le monde de l'école. Parmi les outils proposés aux enseignants confrontés à cette problématique, signalons l'ouvrage collectif, coordonné par Catherine Bouko et Odile Gilon, en collaboration avec le Conseil Supérieur de l'Éducation aux Médias (de Belgique), Vivre ensemble dans un monde médiatisé. Cet ouvrage est le fruit de la collaboration d'un petit groupe de professeurs et chercheurs (Université Libre de Bruxelles, Université Catholique de Louvain, Université de Liège, Université de Cardiff), avec des spécialistes de l'éducation aux médias, des enseignants du secondaire et des étudiants qui ont décidé de rassembler leurs expertises pour réfléchir sur quelques-unes des notions fondamentales qui forment les piliers de nos sociétés démocratiques, et fournir les supports nécessaires pour conduire ces réflexions en classe : liberté de pensée et de culte, liberté de la presse, laïcité, esprit critique, égalité de traitement des individus.

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