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Une analyse proposée par les Grignoux
et consacrée au film
À l'ouest de Pluton
de Henry Bernadet et Myriam Verreault
Québec, 2008, 1 h 35


L'analyse proposée ici s'adresse à des animateurs qui verront le film À l'ouest de Pluton avec un large public et qui souhaitent approfondir avec les spectateurs les principaux thèmes de ce film.

Le film

Juxtaposant des éclats de vie entre lycée et quartier de banlieue, À l'Ouest de Pluton explore le quotidien d'adolescents âgés d'une quinzaine d'années, qu'on découvre à travers leurs passions, loisirs ou points de vue sur le monde : le skate-board, la musique rock, les droits de l'homme, l'écriture et la poésie, l'environnement, l'astronomie, les premiers émois amoureux... L'intrigue, quant à elle, se met en place après la fin des cours avec les préparatifs de la fête qu'Emilie organise chez elle le soir même. Au départ réservée à ses copines, la soirée s'ouvre finalement aux garçons sous la pression de Nath et, l'alcool aidant, celle-ci dégénère pour se transformer en virée nocturne dans les environs...

Tourné sur fonds propres avec de jeunes lycéens non professionnels, le film doit une part de son originalité au souci d'Henry Bernardet et Myriam Verreault de conserver toute leur liberté de création artistique, qui se traduit entre autres par un certain nombre de choix audacieux : alternance de deux approches visuelles différentes selon que cette approche s'attache aux adolescents ou à l'espace où leurs vies évoluent; grande place laissée à l'expression spontanée de filles et de garçons auxquels les jeunes spectateurs peuvent s'identifier facilement; instantanés de vie où chacun peut reconnaître une part de sa propre existence, plans insolites permettant d'ouvrir un questionnement sur la condition humaine tel que peuvent en avoir les adolescents, courtes séquences issues des archives de la NASA...

Tout concourt dans le film à rendre l'aspect imprévisible et lointain de l'adolescence qui, comme l'incertaine « planète » Pluton, se caractérise par une identité encore mal définie.

Destination

Proposant un point de vue original sur l'adolescence, ce film intéressera plus particulièrement les spectateurs qui soit traversent cette période de la vie ou sont en relation avec des jeuens adultes. Ce sera l'occasion - grâce à la fiction cinématographique - d'échanger les points de vue et prendre la mesure des différences de perception, de valeurs et de mode de vie entre les uns et les autres (jeunes et adultes). Plutôt que d'aborder frontalement les sujets qui risquent d'opposer les intervenants, on suggère d'utiliser le film comme objet de réflexion mais surtout de dialogue.


Entre documentaire et fiction : le scénario

Le scénario imaginé par les réalisateurs du film À l'Ouest de Pluton pour établir un portrait de l'adolescence d'aujourd'hui repose sur une division originale en deux parties. On peut remarquer que ces deux parties, malgré leur inscription dans un continuum spatio-temporel - vingt-quatre heures de la vie d'une classe de lycéens dans la banlieue de Québec - , sont très différentes sur le plan de leur structure interne. Par ailleurs, sur toute la durée du film, de courtes séquences issues des archives de la NASA viennent interrompre le rythme du récit.

Nous proposons d'inviter les participants répartis en petits groupes à revenir sur ce scénario. Plus précisément, on commencera par leur demander s'ils ont remarqué ce changement dans la manière de montrer le groupe d'adolescents et, le cas échéant, de réfléchir à ce sujet de manière à identifier un moment qui marque une rupture dans le récit. Si les jeunes spectateurs peinent à identifier cette période-charnière, l'enseignant ou l'animateur pourra leur apporter l'information.

Ensuite, les participants seront amenés à relever ce qu'il y a de différent entre les deux parties et à faire apparaître ces caractéristiques en donnant du scénario une représentation schématique qui mette bien en évidence la structure du film. À cette fin, ils pourront disposer d'un petit « guide » reprenant sous forme de questions les points importants à envisager pour construire cette représentation :


  • À l'Ouest de Pluton dure une heure et trente-cinq minutes. Mais quelle est la durée de l'histoire qu'il rapporte ? Quand commence le film, et quand se termine-t-il ?
  • Dans le film, qu'est-ce qui tient plutôt du documentaire - qu'apprend-on sur les adolescents et de quelle façon tout cela nous est-il montré ? -, et qu'est-ce qui tient plutôt de la fiction : quelle est l'intrigue principale ? Quand et comment se met-elle en place ?
  • Autour de quelle situation la première partie est-elle organisée ?
  • Autour de quel événement la seconde partie est-elle organisée ?

En parallèle, on demandera aux jeunes spectateurs de trouver un moyen d'intégrer à la représentation les courtes séquences issues des archives de la NASA. L'important sera moins ici de faire figurer la totalité de ces séquences ou de les inscrire en respectant scrupuleusement le déroulement chronologique du récit que de faire apparaître leur récurrence sur toute la longueur du film, ainsi que leur progression chronologique interne ou encore leur marginalité par rapport au quotidien des adolescents montrés dans À l'Ouest de Pluton.

Dans un second temps, les représentations élaborées au sein des petits groupes serviront de base à une phase d'interprétation, qui pourra se dérouler en grand groupe. L'objectif sera alors d'amener les participants à confronter leurs hypothèses en ce qui concerne les intentions des réalisateurs :

Pourquoi avoir choisi deux approches différentes pour parler de l'adolescence ? Pourquoi avoir intégré au scénario l'histoire parallèle de l'assemblage et du lancement d'une fusée ? Qu'apporte la conception cyclique des histoires (dans un cas comme dans l'autre, on revient au point de départ : le petit matin, et les moments qui précèdent le décollage de la fusée observé au début du film) ?

Commentaire

La première partie de À l'Ouest de Pluton, conçue selon une démarche de type documentaire, montre la vie quotidienne des élèves en « instantanés », pourrait-on dire : pendant quelques secondes, ceux-ci citent à tour de rôle leur passion, autrement dit le thème de l'exposé qu'ils vont développer devant leurs condisciples. La succession de ces plans est régulièrement interrompue par des images d'élèves dans d'autres situations, que ce soit à l'école ou chez eux, au petit matin. Toute cette première partie, dont les brèves présentations récurrentes constituent le noyau narratif et qui se déroule selon l'ordre chronologique d'une journée d'école (ainsi à peu près du lever au coucher du soleil), nous permet donc d'entrer en contact avec les adolescents d'une manière relativement neutre et superficielle, sans qu'il n'y ait d'intrigue à proprement parler.

La seconde partie, clairement inscrite quant à elle dans le registre de la fiction, débute avec la fin des cours et le retour des adolescents au quartier, pour se terminer au petit matin ; à la différence de la première partie, elle voit la mise en place d'une intrigue polarisée autour de la soirée qu'Émilie organise chez elle. Dans le courant de l'après-midi, une compagne de classe était venue lui demander si elle pouvait y amener « quelques gars ». Cette annonce - Émilie accepte mais ses traits s'assombrissent tandis que son regard se perd au loin - a pour effet de créer des attentes chez nous, spectateurs du film, qui avons tout lieu de penser qu'il va se passer quelque chose ; cette hypothèse se confirme d'ailleurs rapidement lorsque, passant alternativement du groupe des filles à celui des garçons avec, entre ces passages, une incursion au domicile d'Émilie où déroulent les préparatifs de la soirée, nous avons l'occasion de mesurer tout le décalage entre ce que les uns et les autres attendent de la fête.

S'installe dès lors une certaine tension, qui va croître jusqu'au moment où la soirée dégénère de manière irréversible, avec le dénigrement de la décoration et le décrochage du portrait de famille. Un second point culminant est atteint un peu plus tard, avec la découverte des dégâts par le frère d'Émilie et la raclée qu'il va donner à Benoît, l'instigateur de la virée nocturne fomentée pour se débarrasser du portrait. Après ce climax, le reste du film épouse un rythme plus lent ; selon les situations montrées, il est marqué par la recherche méthodique (du portrait), l'attente (de résultats médicaux, d'un premier baiser), le désoeuvrement et l'interrogation, la quête de sens (sur les gradins de la patinoire), ou encore la désillusion, la déception (Kim, Jérôme...).

Parallèlement, de courtes séquences extraites des archives de la NASA prennent place en marge du récit ; la première, exclusivement auditive, accompagne le générique de début qui défile sur fond noir ; la seconde, qui apparaît au moment du lever et par conséquent assez tôt dans la première partie du film, montre le décollage de la fusée chargée du lancement de la sonde New Horizons. Quant aux trois suivantes, elles apparaissent toutes dans la seconde partie du film, la dernière intervenant en fin de nuit ; elles montrent successivement deux phases du montage de la fusée, puis son acheminement vers la base de lancement.

On peut donc remarquer que ces images n'apparaissent pas de manière complètement désordonnée puisqu'on repère une progression chronologique interne à la série qu'elles forment : le décollage, suivi d'un long flash back revenant finalement au point de départ, avec le trajet du chariot conduisant la fusée à sa base de lancement. Ainsi, de même que l'histoire commence et se termine à la pointe du jour après une période de révolution de vingt-quatre heures, le temps de cette séquence marginale est également un temps cyclique, marqué par une sorte de « retour à la case départ ».

Cliquez sur le schéma pour obtenir une version agrandie

Un dossier pédagogique complémentaire à l'animation proposée ici est présenté à la page suivante.
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